L'Heuristique: Journal des étudiants de l'ÉTS

Un stage de quatre mois au Nunavik en ingénierie

Mai 2014 » Voyages » Par Christopher Patenaude, étudiant de génie de la construction, chargé de projet

Après avoir passé un magnifique séjour au froid dans 5 des 14 villages nordiques du Nunavik, je trouve très intéressant de vous raconter mon expérience de stage. En effet, j’ai fait mon deuxième stage au nord du Québec en voyageant à travers certains villages Inuit. Parmi eux, on compte Kuujjuaq, Kangirsuk, Tasiujaq, Inukjuak et même Puvirnituq.

J’ai travaillé en étroite collaboration avec deux chargés de projet de l’administration régionale Kativik. Pour vous mettre en contexte, cette entreprise est une organisation gouvernementale qui s’occupe d’offrir plusieurs services à chacun des 14 villages du Nunavik. Ces derniers sont deux ingénieurs. J’étais sur place pour documenter les travaux, assister les opérateurs et opératrices d’usine et assurer un bon suivi des stations de pompages et de distribution d’eau potable en étant présent lors de la mise en marche des usines où j’ai travaillé. J’ai eu la chance de prendre l’avion à maintes reprises pour me déplacer aux extrémités du Nunavik. On compte des avions d’environ 20 places et un avion à réacteur pour les plus longues distances ou pour transporter plus de personnes.

Comme plusieurs étudiants et étudiantes, j’ai comme objectif depuis quelques années d’acquérir une expérience de travail dans un endroit où toute la communication doit se faire en anglais (écrit, oral et compréhension écrite). On sait d’ailleurs que l’anglais est une langue courante dans le milieu de la construction. Par l’entremise du Service de l'enseignement coopératif de l’ÉTS, j’ai eu la chance de postuler pour cette entreprise basée à Kuujjuaq et de faire valoir mon expérience de travail en gestion des cours d’eau et de surveillance d’un projet construction de postes de pompages à Sept-Îles (Minière Cliff) durant mon premier stage universitaire.

La nature du stage en milieu nordique exige que le stagiaire agisse avec un minimum d'encadrement, j’ai donc eu la chance d’organiser chacune de mes journées en variant mon travail (mandat). Une grande partie de ce dernier était d’expliquer aux opérateurs et opératrices d’usines inuit certaines procédures de vérification des équipements, comment faire l’entretien des différents systèmes et de les aider dans le contrôle de la qualité de l’eau. Tout cela en communiquant en anglais. Je conseille cette expérience à toute personne aimant enseigner des concepts et des principes ou qui s’intéresse au passé de cette communauté, laquelle était installée en Amérique bien avant l’Homme blanc. Par exemple, l’Histoire nous raconte que la plupart des chiens de cette région auraient été tués lors de la guerre froide de manière à ce que devienne un peuple sédentaire. Dans le même sens, encore aujourd’hui, plusieurs personnes installent des pièges à proximité des villages de manière à se nourrir et à permettre de fournir de la fourrure aux gens de la communauté. Plusieurs autres notions culturelles sont très intéressantes à connaître, par exemple : les statuettes que les habitantes et habitants de certains villages sculptent avec de la pierre ponce; qu’un bateau passe chaque été pour livrer la grande majorité des produits dont le village aura besoin durant l’année; pour n’en citer que quelques unes.

J’ai bien aimé le fait d’être chargé de projet. On en apprend toujours en devant gérer presque tous les axes de la construction d’un projet. Même si je suis spécialisé en génie de la construction, j’ai eu la chance de faire des vérifications au niveau électrique, de la mécanique de procédé et de la mécanique du bâtiment ainsi que de faire le suivi de la programmation de l’interface HMI et du composeur téléphonique (alarmes de bas niveau d’huile, basse température et de l’alimentation électrique).

Cette aventure m’a poussé à poursuivre mes études encore longtemps. Effectivement, je n’ai pas peur de m’embarquer dans une maitrise et peut-être même un doctorat. Tout cela pourrait m’ouvrir les portes vers un poste dans une université en tant que professeur ou même comme maitre d’enseignement dans un futur plus ou moins rapproché.

C'est bien d'avoir des rêves et il est souvent possible de les accomplir lorsqu'on y applique tous ses efforts et un grain de motivation!

Ce stage m’aura permis d’apprendre et de vivre parmi une culture que je ne connaissais pas beaucoup au départ. J’ai bien aimé constater que les gens de cette région vivent simplement, joyeusement et en s’entraidant mutuellement. En effet, plusieurs villageois et villageoises aimaient chasser et pêcher la fin de semaine, pour ensuite vendre la fourrure ou la viande à une association du village qui l'offrait gratuitement à la communauté en leur fabricant des vêtements. D’énormes congélateurs parmi certains villages contenaient de la viande pour ceux et celles qui en voulaient, notamment les personnes âgées. Un autre exemple d'entraide sautait aux yeux lorsque j’ai remarqué un bon nombre d'automobilistes s'arrêter pour offrir le transport à une personne marchant sur le côté de la rue.

En terminant, j’ai adoré ce stage nordique! Il fut enrichissant et divertissant. Si une opportunité similaire s’offre à vous, n’hésitez pas à la saisir; du moins, je n’hésiterai pas!