OFFF Tour, tournée mondiale sur le multimédia et la créativité
Let’s feed the future. Tel est le one-liner de cet évènement mondial qui s’est déplacé au Québec le 14 mars 2014 au Cégep Édouard-Montpetit. Ouvert à tous et à toutes, il se veut un grand colloque de créativité et de multimédia. OFFF Tour a débuté à Barcelone en 2005 et se promène depuis sur le globe.
J’ai eu la chance de pouvoir assister à cet évènement unique et il me fait plaisir de vous en faire un résumé le plus fidèle possible! Car croyez-moi, ce n’est pas le contenu qui manquait!
James Victore, premier conférencier et designer réputé, ouvre le bal avec cette phrase qui donne le ton : « graphics design is not a visual field, it’s an intellectual field ». Nous voyons ici un réel désir d’être non seulement esthétique, mais aussi authentique et réfléchi. Dans le même ordre d’idée, le conférencier ajoute « in the particular lies the universal », soit que plus nous partageons des expériences personnelles et intimes, plus elles toucheront universellement les gens. Pour terminer, il martèle : « your work is a gift »; soit qu’il faut être fidèle à nos créations, à nous même, car ce que le public veut, c’est l’authenticité. Et dans un monde qui nous semble souvent superficiel, rien ne fait du bien comme du « vrai ».
La présentation suivante est animée par Sakchin Besette, cofondateur de Moment Factory, leader mondial québécois de l’interactivité et du multimédia. Il nous explique d’où vient le coeur de « we do it in public ». En passant à travers l’histoire de l’Homme (je n’exagère pas!), il nous montre que nous avons toujours eu besoin de nous réunir pour vivre des expériences ensemble. Mais plus l’histoire avance, plus les foules sont petites… jusqu’à ce que l’on atteigne notre époque, où nous devenons seuls face à nos écrans.
Apparaît ainsi sur les écrans géants : « the need for social connection is so fundamental in humans that without it we fall apart, down to the cellular level », citation de Lydialyle Gibson, inspirée des travaux de John Cacioppo sur la solitude. Il s’agit d’une prise de position affirmée de Moment Factory qui lui donne une raison d’être et justifie la puissance émotive de ses produits.
Dans un chaos chaleureux déboulent Juan et Alejandro Mingarro, illustrateurs complètement déjantés, du studio Brosmind! Une conférence très amusante, où ils montrent honnêtement tout leur parcours artistique... incluant les parties moins glorieuses! Remises en question, coups foireux, oeuvres d’art de leur très jeunes années, tout y passe... Excellent pour réaliser qu’on ne commence pas grand : on le devient.
Après cet univers coloré se présente Rama Allen de l’immense studio de post-production, 3D et effets spéciaux : The Mill. Avec un portfolio béton contenant entre autres le trailer de Killing Kennedy, l’intro de Viking et celle de Trueblood, on sait que ça va bardasser!
Rama Allen va droit au but : il existe trois moments clefs dans son travail : se casser la gueule, faire un tour de rollercoaster, et réussir à sortir avec son client ou sa cliente!
Premièrement, on fait toujours des erreurs. L’important est plutôt de comprendre comment on perd, passer par-dessus et apprendre comment éviter que ça arrive de nouveau.
Le rollercoaster, quant à lui, est l’étape de réalisation de notre idée. Nous avons tous et toutes nos forces et nos faiblesses dans le « flow » de production, et il est important d’apprendre où elles sont. Il y a aussi différents types de rollercoaster : la quête du Oui ou celle du Bien.
Quand on cherche désespérément un job, on cherche un oui; on ne donne pas le meilleur de nous même. Or, en voulant faire le bien, pour nous même, nous n’écoutons pas assez le client ou la cliente… La quête la plus difficile, aussi la plus gratifiante, réunit les deux.
Le dernier point est de connaître et respecter sa clientèle. Ne pas hésiter à tout partager et à développer une amitié. De plus, la vie est trop courte pour travailler avec des gens nuisibles; évitez-les.
Après cette conférence très inspirante arrive Joshua Davis, artiste de Data (mélange d’art et de programmation) absolument extrême et déjanté. C’est que sa vision des choses est simple : pour créer, il faut se mettre des limites, et pires elles sont, meilleure est notre créativité. Bref, un vrai artiste, qui se dévoue à construire et détruire. Joshua Davis apprécie beaucoup l’Open Source et offre donc quelques codes en Javascript pour faire de beaux effets visuels sur Hype framework.
L’OFFF Tour fut très dense (impossible d’en faire un reportage complet en si peu de lignes), contenant de multiples points de vue concernant l’art, le design et le multimédia, et aussi rempli d’enseignements autant créatifs que philosophiques. Une journée dont on revient rechargé et enthousiaste!
Merci à l’Heuristique et à Ève Methot, organisatrice, pour la passe journalistique. Un autre merci à Danny Godin pour m’avoir fait découvrir l’OFFF tour, et un dernier à Erwan pour avoir repoussé notre projet!
Logiciel de programmation de Moment Factory : https://www.derivative.ca
HYPE Framework, par Joshua Davis : http://www.hypeframework.org