L'Heuristique: Journal des étudiants de l'ÉTS

Mission Japon 2016, une expérience incroyable

Juillet 2016 » Voyages » Par Nicolas Lemieux, étudiant de génie électrique, membre de l’équipe Mission Japon 2016

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Mission Japon 2016

Les deux dernières semaines du mois d’avril 2016 resteront à jamais gravées dans la mémoire du groupe d’étudiants et étudiantes de la mission Japon 2016.  Ce séjour, pour ceux qui l’ignore toujours, est une activité offerte dans le cadre du cours de COM115 ayant pour objectifs de permettre à dix futurs ingénieurs et ingénieures issus des différents programmes de l’ÉTS d’aller observer et de s’imprégner des méthodes de travail ainsi que de la réalité des professionnels dans différents pays avant-gardistes tant sur le plan technique que technologique.  Cette année, le projet en était à sa cinquième édition et comme vous l’avez probablement déjà deviné, notre destination était le Japon.

Dans un premier temps, à notre arrivé au Japon, un des premiers traits de caractère marquant que nous avons pu observer fut leur obsession de la ponctualité.  En effet, étant en retard d’une quinzaine de minutes dès notre première visite industrielle, soit chez Olympus, nous avons été à même de constater à quel point cela n’était pas coutume là-bas de par la réaction de notre hôte.  Heureusement, notre statut d’étranger nous à épargné l’interminable séance d’excuse à laquelle les japonais se livre normalement dans ce genre de situation. Encore au niveau relationnel, un autre aspect auquel les japonais apportent beaucoup d’importance dans le milieu des affaires est le rituel d’échange de cartes professionnelles.  Selon la tradition, la personne occupant une position hiérarchique inférieure doit présenter sa carte professionnelle au même moment, mais en dessous de celle de sa contrepartie.  De plus une fois l’échange complété, il est important pour les deux individus de bien prendre le temps de lire la carte reçue avant de la ranger.

Par ailleurs, il fut étonnant de découvrir à quel point les grandes entreprises japonaises essaient de diversifier leur offre de produits ainsi que leurs secteurs d’activités. Par exemple Toyo Rubber, ici exclusivement connue pour ses pneus, est aussi très présente au Japon dans la conception d’amortisseurs sismiques que l’on retrouve sur une grande quantité de buildings. Un autre bon exemple serait la firme Shimizu, soit l’une des plus importantes entreprises japonaises du secteur du bâtiment, qui propose non seulement des plans et des analyses de structures, mais aussi des systèmes autonomes et intelligents de type micro-grid permettant de réduire le bilan énergétique ou encore de rendre les bâtiments autosuffisants quelques jours (climatisation, eau, électricité) en cas de catastrophes, comme un séisme majeur. De tels exemples existent également pour toutes les autres entreprises fondée au Japon que nous avons visitées soient : Olympus, Honda, Osaka gas, Mitsubishi et Kawasaki.  Les curieux peuvent d’ailleurs trouver ces informations et plus encore sur blogue à l’adresse suivante: http://missionjapon2016.jimdo.com/ .

Dans un autre ordre d’idées, nos visites industrielles nous ont aussi fait remarquer à quel point l’industrie japonaise était tournée vers l’avenir et les défis qu’il comporte.  Parmi ceux-ci, un des plus importants est sans aucun doute le vieillissement de leur population.  En effet, avec un indice de fécondité de 1,4 enfant par femme et des politiques strictes quant à l’immigration, le Japon est l’un, sinon le pays le plus touché par cette réalité démographique. D’ailleurs, c’est pourquoi tant d’efforts et de ressources sont consacrés à automatiser non seulement leur production manufacturière, mais aussi un maximum de tâches quotidiennes telles que le ménage ou la préparation des repas.  Heureusement, cette réalité les oblige aussi à revoir le statut des femmes dans les milieux professionnels, qui est soi-disant le pire des pays industrialisés concernant l’égalité des sexes, afin de combler ce manque de main-d’œuvre.  

De toute évidence, le fait d’avoir aussi eu la chance de visiter des entreprises occidentales ayant pignon sur rue à Tokyo et Kyoto comme les grandes multinationales IBM et Atlas Coppco ou encore des entreprises de chez nous telles que CAE et le Cirque du Soleil, nous a permis de voir la réalité japonaise en milieu de travail sous un angle différent de celui auquel nous avons eu droit lors des visites d’entreprises typiquement japonaises.  Par exemple, il fut intéressant de discuter avec les ingénieurs d’Atlas Coppco qui nous ont, entre autres, fait part des difficultés que certains professionnels éprouvaient à œuvrer au sein d’entreprises aux philosophies plus occidentales et où les tâches ont tendance à être plus subdivisées qu’au Japon.  Historiquement, contrairement à ici, les ingénieurs japonais s’occupaient seuls de la gestion de projet ainsi que d’une grande partie des relations avec les clients. D’ailleurs, en 2013 beaucoup ont préféré démissionner, considérant la restructuration de leur tâche comme une insulte  alors que la compagnie scandinave souhaitait alors harmoniser son modus operandi à celui de ses autres succursales à travers le monde. Finalement, l’importance du secret professionnel et de la propriété intellectuelle était elle aussi très marquée entre les  compagnies d’origine japonaises et celles d’origine occidentales.  À l’exception de Toyo Rubber où nous avons été à même de visiter les ateliers de design ainsi que les aires de tests, toutes les visites d’entreprises fondées au Japon avaient lieu dans des salles de conférence où les gens venaient nous rencontrer tout en prenant soin de ne rien divulguer de leurs recherches actuelles. Le professeur du département de génie électrique de l’ÉTS et également chercheur à l’Université de Kyoto François Blanchard, nous a d’ailleurs donné plusieurs bons exemples illustrant cette réalité lorsqu’il nous a reçus dans son laboratoire.  À l’opposé, les entreprises montréalaises comme CAE et le Cirque du Soleil étaient vraiment très heureuses de nous montrer l’envers du décor et de stimuler notre intellect en nous exposant des exemples concrets de développements récents.  Nous pûmes, entre autres, voir le système de commande et d’automatisation de la scène du Cirque du Soleil et essayer les simulateurs de vol valant plusieurs millions de dollars de la compagnie CAE!

Certes, pour tous les membres de la mission, il ne fait aucun doute que chaque jour, heure, voire minute passés au japon revêt une valeur inestimable dans notre bagage d’apprentissages et que ceux-ci sauront se refléter de différentes manières dans nos projets futurs.  C’est pourquoi, nous tenons à remercier tous ceux et celles qui ont rendu cette aventure possible,   tant les commanditaires que ceux et celles qui ont contribué à l’organisation du voyage, sans oublier biensûr les entreprises qui nous ont accueillis lors des deux merveilleuses semaines que nous avons passées là-bas!  

Dōmo arigatō gozaimashita!

Premier jour de la mission interETS avec  la déléguée générale du Québec au Japon, lors de notre visite à la délégation du Québec à Tokyo.