L'Heuristique: Journal des étudiants de l'ÉTS

Séance famille des RIDM

Juillet 2016 » Culture » Par Félix-Antoine Tremblay, étudiant de maîtrise, rédacteur en chef de L'Heuristique

Image pour Séance famille des RIDM
 
Photo distribuée pour utilisation médiatique
Les Maîtres-Sondeurs

Dans le cadre des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM), des « séances famille » sont organisées en matinée les fins de semaine. Celles-ci incluent des projections et des activités pour les enfants. Une d’entre elles proposait un programme triple : Cheminots, Les Maîtres-Sondeurs et Têtes blanches, trois courts métrages informatifs de Guy L. Côté, cinéaste et fondateur de la Cinémathèque québécoise.

Les trois œuvres datent respectivement de 1958, 1961 et 1961, et ont été filmées sur  pellicule noir et blanc. La pellicule du troisième documentaire a malheureusement été endommagée, et ce dernier n’a donc pu être projeté. Celui-ci porte sur l’élevage bovin dans l’Ouest canadien et est tout de même disponible sur le site web de l’Office national du film du Canada (ONF) à l’adresse bit.ly/23lvJPr.

Cheminots

Cheminots a été projeté en ouverture de la séance. Le documentaire de 21 minutes concerne, comme son nom l’indique, les chemins de fer. L’œuvre se concentre sur le chemin de fer du Canadien Pacifique reliant Kamloops, Revelstoke et Field, en Colombie-Britannique. Réalisé en 1958, Cheminots présente la vie dans un endroit reculé où la communication est difficile et vitale.

En effet, dans les années 60, le chemin de fer n’avait souvent qu’une seule voie, et la coordination devait se faire par téléphone filaire, puis par lettre transmise manuellement aux trains en mouvement. La route transcanadienne n’ayant été complétée qu’en 1962, le train représentait à l’époque le seul moyen rapide de traverser cette partie du Canada.

Cheminots a été filmé l’hiver, le moment de l’année où l’entretien était le plus complexe. Les cheminots devaient composer avec les risques d’avalanches, l’accumulation de neige sur les voies et les fils,; les journées courtes ainsi que les grands froids. Il s’agissait d’un emploi solitaire et périlleux, occupé par des hommes ayant pour priorité la sécurité des passagères et passagers.

Le documentaire se démarque par son accès privilégié à un monde méconnu. La narration, typique des documentaires de l’époque, donne à l’auditoire l’impression d’écouter une histoire d’aventure, plutôt qu’un film informatif. Le tracé des voies, beaucoup moins large que les autoroutes d’aujourd’hui, permet des prises de vue hors du commun et faitsentir les spectateurs vraiment au cœur des Rocheuses.

Cheminots est disponible gratuitement sur le site web de l’ONF à l’adresse bit.ly/1Mn6ZyE.

Les Maîtres-Sondeurs

Les Maîtres-Sondeurs concluait la séance famille. Le documentaire couvre l’exploration pétrolière des provinces de l’Ouest canadien à une époque où celui-ci était vu comme le progrès. Bien que le Canada soit loin d’être libéré de sa dépendance aux combustibles fossiles, le contraste entre la vision d’antan et celle d’aujourd’hui est frappant.

À de nombreuses reprises, des images de dévastation sont présentées comme t parfaitement positives : la destruction immédiate de l’environnement au profit du développement économique. Il s’agit également d’une époque au sexisme décomplexé, et le milieu pétrolier n’en est pas exempté. Malgré le caractère informatif de l’œuvre, l’auteur ne lésine pas sur les prises de vue suggestives sur une serveuse, au restaurant du campement principal. Le documentaire poursuit sur cette déclaration pour le moins choquante, à savoir que les campements sont des endroits pour les hommes, et qu’il est bien connu que « les femmes n’aiment pas la boue ».

Dans les années 60, les travailleurs du milieu de l’énergie n’avaient pas droit à l’erreur. Les Maîtres-Sondeurs montre son lot de méthodes dangereuses et de machinerie mal adaptée. Loin des normes d’aujourd’hui, le mot d’ordre était la rapidité, surtout aux dépens de la sécurité.

Les méthodes de prospection étaient également choquantes par leur simplicité. Sans la moindre donnée scientifique, et sans logique apparente, les prospecteurs perçaient un peu partout. Les grandes corporations s’adonnaient à l’espionnage industriel et au sabotage. Elles achetaient des terrains selon les rumeurs du moment, et la mise aux enchères des droits d’exploitation s’apparentait à une loterie.

Tout comme Cheminots, Les Maîtres-Sondeurs ramène l’auditoire à une époque méconnue. Son style y ressemble également. Toutefois, l’« aventure » y étant racontée se conforme moins aux normes sociales d’aujourd’hui. De plus, son sujet est devenu controversé avec les années. Cela dit, il s’agit certainement d’un monde intéressant à découvrir, qu’on soit d’accord ou non avec les valeurs y étant véhiculées.

 
Cheminots
Photo distribuée pour utilisation médiatique