Échange international au Brésil

Photo par Eduardo Leon
Valoriser les matières résiduelles organiques avec une mouche!
Avoir la possibilité de faire un projet dans ton domaine lors de tes études supérieures est toujours excitant, mais cela pose des défis. De plus, réaliser ce projet à l’étranger, à mon avis, donne de l’adrénaline en extra. Ainsi, laisse-moi te raconter comment mon séjour au Brésil s’est déroulé.
Le Brésil, comme le Canada, est un très grand pays. En effet, le Brésil occupe la cinquième place dans la classification des pays par taille, derrière le Canada. Les deux pays ont une diversité culturelle et une richesse en ressources naturelles très importantes. Pourtant, en ce qui concerne la population et les conditions sociales, les différences sont assez importantes. Par exemple, le PIB par habitant au Canada est cinq fois supérieur à celui du Brésil, tandis que la population du Brésil est presque six fois supérieure à celle du Canada.
Spécifiquement, j’ai fait mon projet dans le sud du Brésil dans la ville de Florianopolis, capitale de l’État de Santa Catarina. Florianopolis est une ville située sur l’île de Santa Catarina qui a une taille semblable à celle de l’île de Montréal (85 %). En ce qui concerne la population, Montréal compte quatre fois plus d’habitants que Florianopolis. Il est possible d’affirmer que la densité démographique de Florianopolis est inférieure à celle de Montréal.
J’ai réalisé mon projet au sein du Laboratório de Pesquisa em Resíduos Sólidos - LARESO (Laboratoire de recherche en matières résiduelles) à l’Universidade Federal de Santa Catarina - UFSC (Université Fédérale de Santa Catarina). L’UFSC est reconnue parmi les meilleures universités du Brésil et, au LARESO, les chercheurs visent à trouver des solutions aux problèmes environnementaux occasionnés par la génération de résidus solides urbains et industriels.
Lors de mes études, j’ai relevé le problème de la disposition finale des matières résiduelles. En effet, les matières résiduelles ne sont pas des déchets. Au contraire, la poubelle est une ressource et il faut éviter d’en disposer sans profiter au maximum de son potentiel. De la poubelle, il y en a partout. Alors, j’ai tenté mes chances et j’ai contacté le professeur Armando Borges, directeur du LARESO, et je lui ai proposé un projet de recherche sur la gestion des matières résiduelles au Brésil.
Une fois ma proposition acceptée, j’ai commencé à trouver des sources de financement afin de pouvoir réaliser ce projet. J’ai eu l’appui du Bureau du recrutement étudiant et de la promotion des programmes (BREPP), du Fonds de développement durable de l’Association étudiante de l’ÉTS (FDDAÉÉTS), et du gouvernement fédéral à travers une bourse Globalink Mitacs. Alors, je me suis lancé dans l’aventure vers le Sud avec la certitude que tout irait bien.
J’ai été tellement bien accueilli au sein du LARESO, où j’ai eu la chance de travailler très près des chercheurs, principalement des étudiantes et étudiants au doctorat. J’ai eu l’encadrement du professeur Armando, au Brésil, et de Mathias Glaus, mon orienteur à l’ÉTS. La plupart du temps, il fallait que je me débrouille en portugais et cela était une des raisons pour lesquelles j’avais choisi de réaliser le projet au Brésil. Cela dit, plusieurs chercheurs au sein du LARESO parlent français, donc ça n’a pas posé de problème en ce qui concerne la communication.
Une fois installé, j’ai commencé à m’informer sur les conditions locales et sur les projets réalisés sur place. Ainsi, j’ai visité le centre de tri, la station de transborde et le site d’enfouissement. Dans le même ordre d’idées, j’ai rencontré des représentants d’organisations non gouvernementales, des ingénieurs, des étudiants et des travailleurs informels qui ramassent les matières résiduelles au sein de coopératives. Ensuite, j’ai décidé de m’attaquer à la valorisation des matières résiduelles organiques.
En effet, les matières résiduelles organiques (MRO) représentent le composant le plus important des matières résiduelles urbaines. À titre informatif, à Montréal, les MRO représentent 47 % du total, tandis qu’à Florianopolis ce coefficient en atteint 46 %. Les MRO se composent principalement de restes de nourriture, de jardinage et déchets verts, de bois, etc. Pourtant, les MRO comprennent aussi les eaux résiduaires, les boues d’épuration, les résidus d’animaux, etc.
Sur la base des conditions locales, j’ai proposé une approche multifilières multisites échelonnés par rapport à la complexité dans l'implémentation de chaque technologie proposée : compostage/vermicompostage, Hermetia illucens et biométhanisation. La technologie moins connue, Hermetia illucens, est la valorisation des MRO grâce à un insecte : la mouche soldat noire. Cette technologie commence à faire du bruit, et il est maintenant possible de regarder des reportages à la télévision ou d’en écouter à la radio. L’idée derrière cette technologie est la valorisation des MRO en production de nourriture ou d’énergie, bien qu’il y ait des lignes de recherche ouverte aussi en pharmaceutique et en cosmétique pour des produits à très haut potentiel économique.
Cette aventure a été très enrichissante pour ma formation professionnelle. Elle m’a permis d’approfondir mes connaissances dans le domaine de la gestion des matières résiduelles et surtout de les appliquer dans le cadre d’un projet. J’ai dû gérer un budget, en respecter l’échéancier, me débrouiller dans une autre langue et dans un autre pays, et cela m’a permis d'en apprendre beaucoup sur moi. Enfin, je vous recommande mille fois de faire une expérience semblable si vous en avez la motivation. N’hésitez pas, les outils sont à votre disposition, il ne faut surtout pas lâcher, même quand ça ne va pas du tout.