L'Heuristique: Journal des étudiants de l'ÉTS

Angry Inuk

Novembre 2017 » Culture » Par Félix-Antoine Tremblay, étudiant de maîtrise, rédacteur en chef, L’Heuristique

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Angry Inuk
Photo pour distribution médiatique

Le documentaire Angry Inuk était présenté dans le cadre des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) 2016.

Le hasard fait bien les choses. Je me suis trompé de salle en allant voir le documentaire Vol de nuit à l’université Concordia. Je l’ai remarqué seulement après les extraits présentés en début de séance. J’ai choisi de ne pas quitter la salle et j’ai été agréablement surpris par Angry Inuk, un documentaire dont je ne connaissais rien.

Le documentaire réalisé par Alethea Arnaquq-Baril, en collaboration avec l’Office national du film du Canada, présente la situation de la chasse aux phoques dans les communautés inuites. Après des décennies de propagande dénonçant cette chasse, la vente des produits en découlant est de plus en plus difficile et leur valeur est en chute libre. Cette situation impacte négativement leur économie déjà précaire.

En effet, on présente souvent cette chasse comme sadique et axée exclusivement sur les profits. Pourtant, pour les Inuits, cette chasse est une source de nourriture abondante dans une région où celles-ci se font rares. Cette chasse est durable et fait la promotion de l’utilisation de l’ensemble de l’animal. Dans cette optique, le documentaire remet en question le traitement de cette chasse par rapport à celle des autres animaux, ainsi qu’à l’élevage commercial.

Un des symboles phares de la propagande contre la chasse aux phoques est le blanchon, dont la chasse est pourtant interdite au Canada depuis 1987. Les exceptions législatives concernant la chasse par les populations autochtones ne suffisent pas à compenser la mauvaise réputation des produits du phoque et Angry Inuk défend plutôt des normes assurant une chasse responsable. La population des phoques est actuellement en hausse constante malgré la baisse des populations de poissons, ce qui mérite d’ailleurs à cet animal l’accusation de « vider les océans ».

Le documentaire explore également la face cachée des groupes environnementaux multinationaux comme Green Peace et Humane Society International qui, à l’instar d’autres multinationales, sont avant tout à la recherche de profits. Pour ces entités, les campagnes contre la chasse aux phoques sont particulièrement profitables.

Angry Inuk vient défaire le cliché des Inuits vivant dans des igloos, et pour qui l’argent n’est pas nécessaire. On y présente des militant(e)s utilisant abondamment les réseaux sociaux et parcourant la planète afin de défendre leur culture, ainsi que les divisions entre les communautés qui doivent parfois faire des concessions importantes afin de survivre, comme accepter de l’argent de groupes auxquels elles s’opposent. On met aussi en opposition cette source de revenus qu’est la chasse et l’exploitation des ressources non renouvelables que semble préférer le reste du pays.

En fin de séance, la réalisatrice était présente pour répondre aux questions de l’auditoire, une particularité des RIDM. La bande-annonce et le documentaire peuvent être consulté(e)s à l’adresse onf.ca/film/angry_inuk.

 

 
Angry Inuk
Photo pour distribution médiatique