L'Heuristique: Journal des étudiants de l'ÉTS

Le grand récit des activités d’intégration de l'ÉTS

Septembre 2017 » Campus » Par John Doe

On aura beau être choqués ou soulagées de l’annulation des activités de la rentrée, l’an dernier, l’organisation avait traîné la patte et ce n’est pas peu dire. Manque de communication, manque de logique dans les communications, directives mal expliquées ou pas appliquées, manque de jugement, pour ne nommer que ces lacunes.

Comment on s’est ouvert les yeux

Reculons dans le temps d’un peu plus d’un an. C’est après s’être sentie agressée aux Olympiades 2015 qu’une étudiante avait pris la parole. En essayant de dénoncer une culture du silence, une tolérance inacceptable envers des actes discrimination et un statu quo qui pèse lourd, elle a mis dans l’eau chaude l’Association étudiante et l’administration de l’École. Rappelons que ce sont ces deux organismes qui ont manqué de professionnalisme quant au traitement du témoignage et de la plainte de Kimberley. Durant les mois qui ont suivi, elle a brassé beaucoup de choses en continuant de faire valoir sa plainte. Conclusion : personne ici ne sait comment traiter le harcèlement sexuel.

Le quotidien Le Devoir s’en est rapidement rendu compte et a publié une série d’articles sur le sujet, en mai 2016. C’est là que l’on s’est aperçu du “risque médiatique”. Ce risque est né au sein de l’administration de l’École comme un cheveu sur la soupe selon, supposément, une directive ministérielle.

Par la suite, on a voulu avoir l’air de se rouler les manches en brandissant haut et fort la participation à la campagne “Sans oui c’est non”. Campagne qui, à l’ÉTS, se résume à une douzaine d’affiches sur des babillards à des endroits peu stratégiques. Sans oublier la formation d’un comité institutionnel pour traiter la question qui commencera ses activités à peine 18 mois suivant l’incident.

2016 différente?

Rapidement, les décideurs ont identifié les Olympiades 2016 comme étant les plus risquées. C’est une année où les activités d’intégration de toutes les universités sont sous la loupe de bien des journaux. Ayant attendu jusqu’à la dernière minute de recevoir un plan de mitigation du risque de la part du comité organisateur des événements de la rentrée de l’AEETS, c’est 8 jours avant le Jour-J que les têtes dirigeantes de l’ÉTS ont décidé de couper drastiquement leur appui aux activités. Refus de signer le permis d’alcool pour le parc Jean-Drapeau et retrait de leurs agents de sécurité lors du rallye des bars. La raison : risque médiatique. Pas “risque d’agression” : risque de voir l’image de leur institution ternie dans les journaux.

La manière dont la décision a été prise peut sembler irrespectueuse pour le comité qui travaille sur l’événement d’intégration de près de 2000 nouveaux et nouvelles depuis des mois. Sans vente d’alcool, l’activité se voit privée de ses revenus. À partir de là, le discours des organisatrices s’est teinté de colère. On a scandé l’impossibilité de tenir des activités sans cette quantité massive d’alcool. À ce moment, il était encore temps de renverser la vapeur en changeant la formule des Olympiades pour intégrer les nouvelles contraintes. Mais par son attitude cavalière, sa résistance à tout changement et leur criant désir de servir de l’alcool, le comité n’a pas convaincu la direction et les activités n’ont donc pas eu lieu. Il faut lire ici qu’il y avait encore de l’espoir pour des activités d’intégration 2016, mais le destin en a décidé autrement.

La suite des choses : l’organisation 2017

On se retrouve alors en juillet 2017, où les activités de la rentrée sont confiées à un nouveau comité organisateur. Il aurait été légitime de penser que pour se protéger, ou éviter de répéter les mêmes erreurs, l’Association étudiante ait tenté de confier l’organisation à de nouvelles personnes. Mais non. On retrouve le même groupe d’ami(e)s à la tête de l’événement. Qui plus est, il n’a pas difficile de retracer ces individus sur les médias sociaux pour lire leurs commentaires et publications dégradantes, de mauvais goûts, parfois misogynes.

Ça ne s’arrête pas là. Il a été mentionné que le noeud du problème en 2016 résidait dans la coordination. Pour ce faire, l’Association a créé le poste de responsable des événements. C’est un sujet depuis longtemps discuté, mais ce n’est que récemment qu’il a été concrétisé. En effet, la personne qui occupe le poste est : “responsable de toutes les activités d’accueil et à grand déploiement de l’Association”.Et c’est pour le mieux. Toutefois, ce poste, le conseil d’administration l’a confié consensuellement à la même personne qui était en charge des activités d’intégration 2016 qui, inutile de le rappeler, n’ont pas eu lieu. On peut déduire que l’AÉÉTS a adopté le style management : “Fais une bévue majeure, reçois une promotion”. Logique. On commence à être habitués.

En plus de la controverse sur la candidature, il est impossible de trouver de la documentation sur la création du poste sur le site de l’Association, mis à part l’annonce de la vacance du poste publiée en mai. Est-ce cela la définition de transparence de notre Association étudiante?

Retour à la normale?

Malgré tout, est-ce qu’il faut penser que l’on réserve le même sort aux activités 2017 que celles de 2016? Pas nécessairement. Est-ce que les mentalités ont changé envers le sexisme ordinaire, la discrimination systémique, l’ignorance face aux diverses formes d’oppressions, les attitudes dégradantes, etc? Pas nécessairement, non plus.

On a encore droit à des intervenants et intervenantes sur la défensive lors qu’on tente de discuter de ces enjeux au conseil d’administration de l’AÉÉTS. Étonnant de la part d’une organisation censée : « Promouvoir la défense des droits intérêts de tous les étudiants et étudiantes de l’ÉTS [...] du point de vue moral, social, intellectuel, économique et pédagogique ». Mais bien moins étonnant de la part de l’Association étudiante de l'ÉTS, qui perpétue encore la tradition de décevoir ses membres.