L’engagement étudiant dans la réussite scolaire
Les auteurs, Richard Arsenault et Benoit Renaud, sont respectivement professeur et chargé de cours en génie de la construction.
La plupart des professeurs et chargés de cours ont comme priorité le succès des étudiants et étudiantes. Il s’agit de notre raison d’être, de la mission que nous nous donnons en nous engageant dans cette profession. C’est pour cette raison que nous participons aussi comme bénévoles aux activités étudiantes les soirs et les fins de semaine, que nous sommes présents six dimanches par année à la remise des joncs ainsi qu’à la collation des grades, et que nous avons le plaisir de répondre à vos questions même si vous n’êtes plus dans nos cours. Nous souhaitons de tout cœur votre succès, car avec plus de 10 dix ans d’enseignement chacun, nous avons eu le plaisir de voir nos ancien(ne)s étudiant(e)s accéder à des postes de direction de grandes entreprises, devenir gestionnaires de projets majeurs et œuvrer au sein de la panoplie de PME qui sont la force derrière notre économie. Cependant, au fil du temps, nous avons constaté un désengagement progressif des étudiant(e)s relativement à leur propre succès. Nous voulons profiter de cette tribune pour vous faire part de nos longues discussions et réflexions au sujet de ce phénomène, espérant ainsi renverser la vapeur et vous faire prendre un rôle plus actif dans votre formation.
Cet article n’a nullement l’objectif de moraliser qui que ce soit, il est le résultat de plusieurs discussions entre professeurs et chargés de cours au sujet de la réussite de plus en plus ardue de nos étudiants. S’il peut mener vers une discussion ouverte sur le sujet et ultimement à une amélioration des résultats, il aura rempli son objectif.
Avec le recul de plusieurs années d’enseignement universitaire, nous remarquons, comme enseignants, une diminution marquée de la qualité du travail des étudiant(e)s et, surtout, un recul majeur dans l’effort déployé par plusieurs pour atteindre la réussite. De bons résultats, ça ne s’obtient pas par magie. La compréhension de la matière, ça ne vient pas tout seul juste en étant assis dans la classe. Trop souvent, les étudiant(e)s se disent : « Si je suis capable de refaire un problème semblable à l’examen je suis correct. J’ai droit à toute ma documentation de toute manière… » Il n’est pas rare que plus de la moitié des étudiant(e)s regardent leur téléphone cellulaire pendant le cours, levant la tête uniquement pour copier un numéro résolu au tableau.
L’approche qui devrait plutôt être choisie est la recherche d’une compréhension presque complète de chaque concept, de manière à l’adapter dans n’importe quelle autre situation. Pour ça, il y a des prérequis essentiels :
- Une écoute et une participation active en classe : vos appareils électroniques sont vos ennemis numéro un et ils nuisent fortement à votre compréhension. Nous avons constaté ce lien très clairement : plus il y a d’étudiant(e)s constamment branché(e)s sur leur téléphone, moins la moyenne du groupe est forte ;
- Une pratique hebdomadaire de chaque matière (pas juste avant les examens) de manière à évaluer rapidement la compréhension de chaque concept : il y a quelques années, nous avions des questions chaque jour (ou presque) durant nos périodes de disponibilités. Aujourd’hui, nous sommes chanceux si nous avons cinq questions de la part du groupe en entier, et ce, au cours des sept premières semaines de chaque session
- Une mise à jour continue, et ce, pour chaque matière d’une feuille résumée de formules et de concepts importants qui est bonifiée à mesure que les problèmes sont résolus;
- Une rencontre automatique avec l’enseignant(e) aussitôt qu’un concept n’est pas clair pour trouver la cause et repartir avec une meilleure compréhension : il n’est pas possible d’apprendre les fondements de bien des matières et de devenir habile à résoudre des problèmes à quelques jours d’un examen;
- Une présence à la période de TP, non seulement pour prendre en note ce que l’auxiliaire d’enseignement écrit au tableau, mais pour travailler : c’est la première occasion de pratiquer la nouvelle matière acquise, il faut en profiter;
- Du travail, beaucoup de travail, seul(e), à la maison, avec toute sa concentration, pour s’assurer d’avoir réellement compris la matière : c’est la seule manière d’en valider la compréhension avant l’examen!
Les différentes réformes de l’enseignement, depuis le début des années 2000, ont priorisé l’approche par projets plutôt que par la bonne vieille drill, mais la drill avait un avantage : elle obligeait à un effort et à une pratique jusqu’à l’obtention des résultats voulus. Ce n’est un secret pour personne, si l’on veut devenir champion(ne) de ski, on ne doit pas se contenter d’écouter des athlètes parler de leur sport et regarder des films de ski. On doit se lever tôt, aller à la montagne et s’entraîner. Il faut faire des efforts sans arrêt, et ce, jusqu’à la réussite. La satisfaction et le mérite liés à la réussite sont d’autant plus grands qu’ils sont le résultat d’efforts personnels dont on peut être fier!
Le travail de l’ingénieur(e) n’est pas banal. Il est essentiel et il nécessite une rigueur qui ne laisse pas place au « je-m’en-foutisme ». Les capacités qui sont acquises au baccalauréat, le sens du travail et de la rigueur sont les fondations de base de votre succès sur le marché du travail. Nous vous demandons donc de considérer ces réflexions pour la durée de vos études, mais aussi pour la suite de votre carrière. Nous voyons bien que la génération actuelle d’étudiant(e)s est brillante, communique bien et est remplie de potentiel. Ne le gaspillez pas. Nous voulons vous voir l’exploiter pour votre propre bien et pour celui de la société!
En espérant que notre réflexion puisse vous motiver à donner votre 110 %… maintenant, bonne étude!