L'Heuristique: Journal des étudiants de l'ÉTS

Ambitions estudiantines

Mars 2020 » Vie étudiante » Par Ariane Beaudin, étudiant de génie logiciel

Je n’ai jamais cru devenir possiblement ingénieure. Vétérinaire peut-être, psychiatre à un certain point, écrivaine, diplomate… mais décidément pas ingénieure. Toutefois, on peut regarder mon enfance et y voir les possibles germes d’intérêt envers le génie logiciel. Après tout, si je remonte dans le temps, mes meilleurs moments de complicité avec mon père étaient lorsqu’on s’attelait ensemble à réparer l’ordi que j’avais encore je-ne-sais-comment brisé en essayant d’installer je-ne-sais-quel-jeu. Je me rappelle mes beaux écrans bleus d’erreur et le joyeux processus pour rebooter mon bon vieux Windows avec mon CD-ROM gravé.

Décidément, il s’agit là de bons souvenirs avec mon paternel, qui, garagiste, a toujours semblé être maître d’un monde que je n’arriverais jamais à comprendre, monde appartenant à mes frères aussi, assurément, mais surtout pas à moi. Ainsi, peut-être qu’une partie de moi choisit ce parcours pour gagner une forme de reconnaissance de la part de ma famille. Qui ne le fait pas un peu? Dommage qu’aujourd’hui, ni mes frères ni mon père ne comprennent grand-chose aux ordinateurs…

Toutefois, le début de mon aventure informatique n’a pas débuté avec cette réflexion. Si, à la base, j’ai décidé d’aller faire une technique intensive en informatique au Cégep du Vieux-Montréal, c’était pour «faire de l’argent pour pouvoir étudier ce que je voulais par la suite» et aussi, pour me sentir utile dans mon entourage immédiat (sentiment d’utilité plus difficile à trouver dans ses études en arts libéraux!) Ce n’est, au final, pas pour cette raison que je rentre à l’ÉTS cet automne. Le salaire que peut m’apporter le diplôme de ma technique est bien satisfaisant pour ma modeste personne qui veut «étudier ce qu’elle veut», tout comme les connaissances que j’ai acquises sont satisfaisantes pour régler les petits problèmes d’ordinateur de mes proches. J’entre en fait à l’ÉTS dans l’espoir de pouvoir ensuite enseigner – eh oui, l’informatique – au collégial.

Et tout ce que je voulais étudier alors, avec mon argent d’informaticienne? Et bien, la vraie question est  plutôt «ai-je vraiment déjà su ce que je voulais vraiment étudier?» Probablement pas, quoiqu’oscillant souvent entre les domaines de la communication, de la politique et de la littérature, on peut comprendre que mes champs d’intérêt étaient loin d’aller naturellement vers le génie logiciel. Et pourtant j’y trouve du plaisir, que ce soit dans les langages de programmation qui me rappellent mes amours linguistiques, dans l’interdisciplinaire inhérent à l’informatique qui me rassure quand je pense à toutes mes passions disparates, dans les défis liés à l’éternel travail d’équipe nécessaire à la création d’un produit ou encore dans la créativité constamment requise à la rédaction de notre code.

La réalité, c’est aussi que je ne pourrais jamais apprendre tout ce que je désire apprendre tout comme je ne voudrais probablement jamais arrêter d’apprendre. Alors aussi bien choisir un domaine, une carrière, où on ne manquera jamais de choses à apprendre! Puis, même si je n’ai aucune idée si mes humbles ambitions d’enseignement resteront les mêmes tout au long de mon parcours (bonjour les stages…. plus payant probablement, qui plus est!), pour l’instant, c’est là que s’arrête mon choix.

Heureusement, je sais que l’un des motifs derrière mes lubies d’enseignement est mon infini engouement pour le milieu scolaire, ce microcosme de société, ce vestige de vie en communauté dans notre monde qui s’atomise. Et si je ne deviens pas enseignante d’informatique, c’est parce que la vie en aura décidé autrement, et ça ne sera pas bien plus grave puisque je compte bien profiter pour m’impliquer autant que je le pourrais – juste au cas où, pour compenser un autre revirement dans mes envies professionnelles – dans ce petit village ETSien où tout semble pouvoir se réinventer, le sens de la communauté y compris (regardez vos clubs, bande de crinqué.e.s!)

D’ailleurs, je suis déjà bien lancée avec la belle équipe de L’Heuristique qui m’accueille déjà parmi eux, équipe que je remercie pour cette belle opportunité et avec qui, j’espère bien, pouvoir rester pour au moins un bon quatre ans!