Accord de Paris et aperçu de la COP21
COP 21 : résumé des principaux résultats
De nombreux regards et espoirs étaient tournés vers la COP21. Celle-ci se sera achevée par un accord « historique », l’Accord de Paris, le 12 décembre 2015.
La COP21 (Conference of Parties) se déroulait du 28 novembre au 12 décembre 2015 sous l’égide de l’ONU. Elle a réuni à Paris (au Bourget) 195 nations, autour des questions que posent les changements climatiques à travers notre planète et principalement les objectifs de +1,5 °C, voire +2 °C au plus par rapport aux niveaux préindustriels, et de zéro carbone en 2100. Durant deux semaines, des groupes de travail étaient organisés et participaient à de nombreuses négociations portant sur différents points sensibles : hausse de la température globale moyenne en dessous de 2 °C, différentiation des efforts selon les pays, financement de la transition énergétique, prix du carbone, et indemnisation des pays les plus touchés.
L’Accord de Paris, déposé le 12 novembre 2015 par Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères et président de la COP21, est porteur d’espoir pour l’avenir et semble répondre à bon nombre des défis soulevés : c’est « un texte différencié, juste, durable, équilibré et juridiquement contraignant ». C’est la première fois qu’un accord international regroupant autant de pays et l’Union européenne voit le jour.
Ainsi, le texte se fixe pour objectif de « maintenir la hausse de la température moyenne globale bien en deçà de 2 °C par rapport au niveau de l'ère préindustrielle » et de « poursuivre ses efforts pour limiter la hausse de température à 1,5 °C ». Ce résultat a pu être obtenu grâce à l’intervention surprise de l’Australie, puis du Canada, mené par le nouveau chef du gouvernement Justin Trudeau. Ce chiffre reste néanmoins symbolique et les états doivent désormais s’atteler à la réduction de leurs émissions en gaz à effet de serre (GES). Chaque pays est ainsi responsable de ses propres rejets et l’Accord insiste désormais sur une révision, tous les cinq ans, de ces contributions. Celles-ci devraient alors commencer dès 2025 (mise en vigueur du texte en 2020) au grand dam de nombreuses organisations non gouvernementales (ONG), mais aussi de nombreux pays (États-Unis, Brésil et Union européenne en tête). La mention d’une référence au prix du carbone a aussi été inscrite, mais sans objectif et chiffre clairement signifié.
Ces actions devraient être entreprises grâce à la mise en place du « Fond vert » (déjà créé en 2009 à Copenhague, mais peu suivi) à hauteur de 100 milliards de dollars par an. Ce fonds, alimenté en priorité par les pays riches, devra être aussi suivi par les pays en développement. Ainsi « l’équité » de l’Accord doit être respectée, avec une « justice climatique » différenciant les efforts entre les parties et leurs responsabilités historiques. Il est cependant à noter qu’aucune notion de « responsabilité ou de compensation de la part des pays riches envers les pays pauvres » n’apparaît dans le texte final. Il est plutôt écrit qu’il est nécessaire de mettre en place « des systèmes d'alerte précoce et d'un mécanisme de provision pour assurer les dommages liés aux situations de catastrophes naturelles extrêmes ».
Enfin, ce texte se devait et se doit d’être juridiquement contraignant, cela afin d’être « ambitieux et réaliste » selon le président Français François Hollande. L’Accord semble alors contraignant par sa forme juridique et le fait que ce soit un traité international, néanmoins il ne prévoit aucune sanction directe, ce qui a été largement critiqué par les parties civiles.
On notera aussi l’absence de mention des énergies renouvelables, l’absence de date précise à laquelle les États doivent plafonner leurs émissions de gaz à effet de serre ni de précision sur une tarification du carbone.
Les États participants à cet accord ont jusqu'au 21 avril 2016 pour déposer les instruments de ratification, d'acceptation ou d'approbation, selon les cas. À la suite de quoi, selon les termes du texte, le 22 avril 2016, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, organisera une cérémonie qui se tiendra à New York.
Pour entrer en vigueur en 2020, et succéder au Protocole de Kyoto, celui-ci devra être ratifié par au moins 55 pays représentant au moins 55 % des émissions mondiales de GES.
Cette conférence a aussi permis à de nombreux mouvements citoyens d’émerger. Ces mouvements, partout dans le monde, ont permis de faire pression sur les organisations internationales ainsi que sur la responsabilité des négociateurs d’arriver à un traité final. Dans huit villes du monde étaient ainsi conjointement organisées les COY (Conference of Youth), sorte de COP pour les jeunes et universitaires se déroulant sur deux jours. De Paris à Montréal, en passant par l’Inde, plus d’un millier de jeunes ont assisté dans un premier temps à des conférences et ateliers sur les questions abordées durant la COP21, puis participaient à une simulation des négociations de celle-ci.
Participation aux activités
À Paris, deux événements étaient organisés en marge de la COP21. Grâce à la contribution du FDDAÉÉTS, j’ai ainsi pu assister aux différentes activités proposées sur place en tant que représentant étudiant de l’ÉTS.
Sur le site du Bourget (quelques kilomètres au nord de Paris), dans un bâtiment annexe à celui réservé aux négociateurs et négociatrices, des entreprises, des collectivités locales et territoriales, et des ONG étaient réunies afin de présenter leur travail en terme de développement durable. Accessibles en transport en commun puis en navette électrique fournie par la Ville de Paris, tous les jours durant la COP21 et dans sept salles, ces tierces-parties se relayaient et organisaient des conférences sur les différentes actions mises en œuvre et les résultats tant en terme écologique, économique, mais aussi en terme d’image et de rayonnement international. De grands groupes (tels LVMH, Louis-Vuitton, Moët-Hennessy) du luxe, de l’hôtellerie (Groupe Accord), de l’industrie (Veolia, Renault, Vinci, etc.) montraient ainsi au grand public leurs installations et leurs engagements pour la croissance et la transition verte et se faisaient ensuite interroger tant par des experts et expertes que par des associations de défense de l’environnement. Les ONG présentaient quant à elles les moyens pour le citoyen lambda de s’organiser et de s’investir pour la protection de nos écosystèmes. Des séances d’information et de débat se poursuivaient toute la journée, apportant un regard plus critique aux négociations se passant dans le bâtiment mitoyen. Enfin, les collectivités mettaient en avant la ville de demain et tous les plans d’action entrepris ou déjà mis en place. La ville de Paris s’est ainsi positionnée en tant que leader avec New York et Rio de Janeiro, au sein du C40 (Cities Climate Leadership Group), regroupant initialement 40 villes, et maintenant plus de 80, au sein d’un mouvement engagé à réduire les émissions de GES dans les métropoles (objectif d’une réduction de 3 Gt d’équivalent CO2 d’ici 2030).
Dans Paris même, au Grand Palais était organisé du 4 au 10 décembre L’Expérience Climat, par le Club France Développement durable. Cet événement regroupait lui aussi associations et ONG, chercheurs et chercheuses, villes et territoires, entreprises, créateurs, créatrices et artistes, médias à travers plusieurs pôles d’exposition : Pôle habitat-territoires-villes durables, Pôle recherche-techno-innovation, Pôle écomobilité et Pôle consommation-alimentation-vie quotidienne. Les solutions techniques, économiques et sociétales pour la planète étaient présentées à travers des conférences, débats, ateliers et plateaux de télévision et de radio. Chaque solution était alors détaillée et débattue devant un panel de personnes, grand public, experts et expertes scientifiques et même investisseurs et investisseuses afin de démontrer tout le savoir-faire en terme d’idées et de technologies pour réduire les changements climatiques et les émissions en GES. Par exemple, une société suisse présentait un procédé dit « révolutionnaire » permettant de transformer le plastique par voie biologique et chimique en carburant, et mettait ainsi en avant sa particularité et son unicité dans un salon international.
La réussite et la mention historique de l’Accord de Paris devront alors se confirmer dans les mois à venir. Comme l’a révélé le rapport écrit par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), les plans d’action rendus par les 195 nations à l’ONU avant la COP21 laissent prévoir une hausse globale de 3 °C d’ici 2100. D’un point de vue scientifique, cet Accord est sans doute insuffisant à lui seul pour permettre de réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Les pays signataires sont ainsi encouragés à revoir leurs mesures dans les prochains mois à venir afin de redresser la trajectoire et de faire du traité un texte contraignant et surtout exemplaire.
L’Accord traduit ainsi une prise de conscience et une dynamique collective et internationale à s’engager contre les changements climatiques.