L'Heuristique: Journal des étudiants de l'ÉTS

L’Après Cacouna

Mai 2015 » Environnement » Par Jean-François Thibault, étudiant de génie électrique, président et fondateur du Club Énergie-ÉTS

TransCanada a finalement décidé d’abandonner le port de Cacouna pour la construction de son terminal pétrolier en sol québécois. Cette décision n’est pas surprenante. La société d’infrastructures énergétiques avait déjà signifié que le terminal de Cacouna ne serait construit que si TransCanada était assurée que celui-ci n’aurait pas d’impacts négatifs sur le béluga du St-Laurent. L’élément le plus contesté d’Énergie Est étant maintenant chose du passé, TransCanada entend continuer à aller de l’avant avec son projet d’oléoduc. Elle compte arriver à l’acceptabilité sociale en continuant d’être à l’écoute de ses parties prenantes; c’est une excellente nouvelle pour le Québec. Elle compte également trouver un site de remplacement pour son terminal pétrolier sur les rives du fleuve St-Laurent. Plusieurs sites avaient déjà été envisagés, lors de l’évaluation initiale du projet. Jetons-y un coup d’œil.

Les autres sites à considérer

En effet, huit sites ont d’abord été identifiés comme étant crédibles pour l’installation d’un terminal pétrolier, au Québec. La documentation fournie par TransCanada à l’Office national de l’énergie montre que St-Nicolas, Lévis-Est, le port de Québec, Pointe-Saint-Denis, l’Île Verte, l’Île du Bic ainsi que Baie-des-sables étaient tous des sites également envisagés. Pourquoi donc avoir choisi Cacouna, alors que d’autres sites moins sensibles sur le plan environnemental étaient disponibles? La réponse à cette question contient deux parties. D’une part, puisqu’un port existe déjà à Cacouna, l’entreprise a probablement fait le pari qu’un aménagement de celui-ci ne causerait pas nécessairement de dommages à l’habitat du béluga. Ça se défendait. D’autre part, Cacouna était le site qui convenait le mieux, selon les informations que détenait TransCanada à l’époque, aux critères devant déterminer le tracé final de l’oléoduc.

Les critères pour choisir un nouveau site

Les critères permettant d’identifier le tracé optimal prévoyaient notamment d’utiliser au maximum les infrastructures existantes comme endroits où faire passer le pipeline, de minimiser la longueur totale de l’oléoduc, d’éviter le plus possible d’avoir à traverser des cours d’eau, d’éviter les sites sensibles sur le plan environnemental, d’éviter les terrains instables ou ayant une activité sismique trop importante, d’éviter les sites ayant des statuts spécifiques comme les sites historiques ou les cimetières, d’éviter les zones urbaines ainsi que d’éviter les sites ayant une importance culturelle pour les Premières Nations. L’ensemble de ces critères seront fort probablement utilisés à nouveau afin de trouver un nouveau site pour le terminal pétrolier sur les rives du St-Laurent. Davantage d’informations seront disponibles lorsque TransCanada fera connaître les modifications de la portion québécoise de son oléoduc à l’Office national de l’énergie, au quatrième trimestre de cette année.

Tirer profit d’Énergie Est

Certains opposants au projet d’oléoduc Énergie Est prétendent que le Québec n’a pas à accepter ce que les États-Unis refusent dans le cas du projet Keystone XL. Au contraire, l’entêtement des démocrates étasuniens est une opportunité pour le Québec de tenter d’obtenir davantage de comptes de la part de TransCanada, notamment en ce qui a trait à la protection de l’environnement. Car malgré que cette dernière soit un champ de compétence partagé entre les gouvernements fédéral et provinciaux, les provinces y jouent un rôle prépondérant. Qui plus est, l’abandon du site de Cacouna n’est probablement pas étranger à la dynamique actuelle où le Québec jouit d’un levier de négociation avantageux vis-à-vis l’entreprise TransCanada. Il est donc temps – plus que jamais pour le Québec – de tenter de tirer profit d’Énergie Est. Ne passons pas à côté de cette opportunité.