L'Heuristique: Journal des étudiants de l'ÉTS

À la prochaine fois

Mars 2015 » Environnement » Par Jean-François Thibault, étudiant de génie électrique, président et fondateur du Club Énergie-ÉTS

L’entêtement dont font preuve plusieurs démocrates américains sur la question du projet d’oléoduc Keystone XL est navrant. En effet, durant les débats sur le projet de loi sur Keystone XL, certains démocrates sont allés jusqu’à dire que ce dernier servait trop les intérêts canadiens. Ce type de déclaration est totalement irrespectueux alors que l’on prenait connaissance – récemment – de fuites d’informations concernant le rapport final de la commission nationale sur les attaques contre les États-Unis. En effet, les 28 pages censurées du document stipuleraient que des officiers de l’Arabie Saoudite auraient fourni un support consulaire et financier aux terroristes ayant perpétré les attentats du 11 septembre 2001; rien de moins. Importer du pétrole saoudien reviendrait-il donc à financer indirectement le terrorisme? Ce qui est certain, c’est qu’à l’issue de ces révélations, il apparaît évident que Keystone XL ferait progresser les intérêts des États-Unis tout autant que ceux du Canada.

Remplacer le pétrole saoudien

Alors que les États-Unis importaient – en novembre 2014 seulement – au-delà de 30 millions de barils de pétrole en provenance de l’Arabie Saoudite, la construction de l’oléoduc Keystone XL serait l’occasion pour notre voisin du sud de remplacer une proportion de ses importations de pétrole saoudien par du pétrole canadien. Il a d’ailleurs été démontré que cette idée est supportée massivement par les citoyennes et citoyens américains qui, s’ils avaient le choix, souhaiteraient majoritairement acheter leur pétrole au Canada plutôt qu’aux pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Étonnamment, cela n’a pas semblé influencer le président Barack Obama qui n’a pas tardé à imposer son veto au projet de loi sur Keystone XL. Cette décision est d’autant plus surprenante qu’il existe un appui populaire au projet. En effet, une série de 30 sondages démontrent  le support de la population à la construction de Keystone XL. Qui plus est, plusieurs sénatrices et sénateurs démocrates avaient même écrit une lettre à l’attention de Barack Obama pour lui signifier leur soutien au projet. Le risque électoral d’appuyer le projet de loi devant autoriser la construction de l’oléoduc était donc moindre qu’il n’y paraissait à première vue.

Ce n’est pas fini

Malgré ce qui vient d’être dit, il serait possible de rétorquer que la chute du prix du baril de pétrole rendrait, de toute façon, la construction de l’oléoduc non rentable. Cette affirmation est toutefois erronée. Tout d’abord, si on regarde l’évolution des cours du pétrole depuis 1987, il est assez difficile d’identifier une tendance claire de ceux-ci. En effet, les prix des matières premières sont généralement très instables et le pétrole ne fait pas exception à la règle. Or, qui nous dit que les prix du Brent et du WTI ne remonteront pas, prochainement? Ensuite, les critiques du projet oublient rapidement que celui-ci a été élaboré en 2008 alors que le prix du baril de pétrole se situait sous les 40 dollars le baril. Donc, bien que les prix actuels viennent revoir à la baisse le rendement du projet à court terme, la rentabilité de celui-ci n’est pas compromise. Le projet n’est donc pas à oublier de sitôt et la saga de son approbation pourrait bien reprendre plus tôt qu’on ne le pense. Espérons que la prochaine fois sera la bonne.

Jean-François Thibault

Le 25 février 2015