La boîte à musique
Comme elle l’aimait, sa boîte à musique! Elle ne s’en séparait jamais et ne se lassait jamais non plus d’écouter cet air si mélodieux sur lequel tournait et tournait la jolie ballerine dans son beau tutu rose… Comme elle aurait aimé, elle aussi, être une belle ballerine et pouvoir se hisser sur la pointe des pieds et tourner, tourner, sans jamais se lasser…
C’est en voyant les Grands Ballets canadiens à la télé qu’elle avait eu l’idée de suivre des cours. Et sa mère, pour lui faire plaisir, s’était informée auprès du Service des loisirs. Malheureusement, dans la petite ville où elle vivait, on n’offrait pas de cours de ballet, seulement de patinage artistique. Elle, qui détestait patiner, avait dû renoncer, déçue. Et même si plus tard elle avait suivi des cours de danse, ce n’était pas pareil. Il n’y avait pas de beau tutu ni de jolie musique sur laquelle tourner, tourner sans jamais se lasser…
Et puis un jour (bien après l’incident), sa marraine lui avait offert un cadeau pour son anniversaire. Avec quel empressement elle avait arraché le papier doré et soulevé le couvercle de la boîte d’où apparut, dans toute sa splendeur magique, une belle ballerine au tutu rose pailleté d’argent.
— Oh!... s’était exclamée l’enfant, émerveillée.
— T’es contente? avait demandé sa marraine.
L’enfant avait acquiescé, sans même lever les yeux, trop subjuguée pour pouvoir
prononcer un seul mot. Elle avait tout de suite adoré son cadeau.
Et depuis ce temps, tous les jours, tous les matins et tous les soirs, elle remontait la petite clef située sous le boîtier, juste pour voir la jolie ballerine dans son beau tutu rose tourner, tourner, sans jamais se lasser. Alors qu’elle-même demeurait confinée pour le reste de sa vie dans un fauteuil roulant. Aux roues d’argent.