L'Heuristique: Journal des étudiants de l'ÉTS

Sommet Climate Chance à Nantes

Novembre 2016 » Environnement » Par Michaël Dubois, étudiant de génie de la construction, technicien de l’application technologique et informatique, laboratoires environnement

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Sommet Climate Chance Nantes
Photo par Michaël Dubois

Début octobre 2016, l’ouragan Matthew balaie les Caraïbes. Les médias parlent d’un monstre, les populations sont mises en alerte, des milliers de personnes parmi les plus vulnérables ne survivront pas à cet événement climatique, et on parle de milliards de dollars en dégâts. Inéluctable phénomène climatique ou effet collatéral du réchauffement global? Chose certaine, l’intensité croissante des désastres naturels témoigne d’un climat en pleine mutation.

Devant la hausse de ces désastres climatiques, agir devient urgent. C’est pour réfléchir à cette question, avec d’autres jeunes acteurs non étatiques issus de différentes communautés francophones, que j’ai eu la chance de participer au sommet Climate Chance qui se tenait au Centre des congrès de Nantes du 26 au 28 septembre 2016.   conférence de Genève marquait la première sonnette d’alarme d’un impact significatif de l’industrialisation sur le climat. Trente-sept ans plus tard, dans la continuité des efforts mis en place par les Conférences de Rio (1992), de Kyoto (1997), de Copenhague (2009), nous devions trouver des façons de sensibiliser la nouvelle génération et de passer à l’action. Au programme : plénières, ateliers et réseautages.

Pour la première journée du sommet, une plénière d’ouverture réunissait tous les participants dans l’amphithéâtre principal du Centre des congrès qui était bondé. Les organisateurs de l’événement attendaient quelques centaines de participants. En effet, ce sont des milliers de personnes impliquées qui se sont déplacées pour assister aux trois jours du sommet. Sur la tribune, la mairesse de Nantes, accompagnée d’un panel de représentants issus de divers secteurs œuvrant en environnement. Entre autres, M. Hoesung Lee, président du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), est venu nous rappeler l’importance d’agir rapidement pour freiner l’escalade de la température globale. Il y eut aussi cette émouvante intervention d’Hindou Oumarou, coordonnatrice de l’Association pour les femmes et les peuples autochtones du Tchad, qui a pris la parole pour nous dire à quel point son peuple souffre du réchauffement climatique. De par la raréfaction de l’eau due aux températures extrêmes observées, ces communautés vulnérables saluent les bonnes intentions des pays développés, mais concrètement elles ne voient pas les résultats de ces belles promesses. D’un côté le climat poursuit son réchauffement; de l’autre, les fonds promis qui normalement devraient permettre l’adaptation des populations vulnérables ne sont pas disponibles. Ce témoignage allait au-delà du beau discours politique : par son cri du cœur, Hindou Oumarou manifestait une réelle urgence d’agir!

Ainsi, le ton était donné, l’heure de la diplomatie et des grands traités tire à sa fin, maintenant il faut lier les paroles à l’action. On parle ici d’un changement de vision depuis Kyoto, aujourd’hui l’urgence d’agir se fait concrètement sentir. On peut constater les effets du réchauffement climatique qui sont annoncés depuis quelques décennies déjà. Les projections étant relativement pessimistes, on ne peut que prendre très au sérieux les avertissements de la communauté scientifique.

Pendant les trois jours que dura le sommet, les thèmes récurrents étaient l’urgence d’agir et les modes de financement.  En effet, il importe d’avoir les moyens de ses ambitions. Si cent milliards de dollars par an ont été promis par les pays développés à la conférence de Copenhague, sur le terrain on se demande comment accéder à ces fonds.

Mais encore, à l’heure où le réchauffement nous rattrape, nous avons maintenant deux fronts à défendre : les moyens de freiner la hausse de la température et les mesures adaptatives des populations   subissant ce chambardement climatique. De ce fait, un tel sommet réunit une panoplie d’intervenants à différents niveaux. Certains tentent de promouvoir l’émergence de technologies propres, d’autres œuvrent dans l’humanitaire. Ma délégation faisait un peu des deux.

En effet, j’ai eu la chance de faire partie de la délégation. La jeunesse francophone pour l’eau, une initiative des Offices jeunesse internationaux du Québec (LOJIQ), appuyée par l’organisme Global Water Partnership. Ce regroupement de jeunes a émergé  l’an passé à l’occasion de la COP21. En marge de cet événement, cinquante-deux jeunes francophones se sont réunis pour discuter de leurs préoccupations en matière d’enjeux hydriques et faire l’ébauche d’un plan d’action visant l’implication de la jeunesse francophone. Grâce à  tous ces échanges, le livre blanc Un Paris pour l’eau fut rédigé, et  fut présenté à Mme Ségolène Royal. Ainsi, notre participation à Nantes avait comme objectif d’assurer la pérennité de l’initiative, d’échanger entre participants et d’identifier des partenariats pour sa mise en œuvre.

Bien que le mouvement soit toujours embryonnaire, le dynamisme et les idées novatrices de la jeunesse ne manquent pas. Spécialiste des bassins versants, juriste en droit international, urbaniste, journaliste,  notre groupe a échangé sur les grandes préoccupations environnementales pendant ces trois jours. En ma qualité de technicien en assainissement des eaux participant activement à la recherche à l’ÉTS, j’ai eu l’occasion de partager ma passion des procédés de traitement et d’apporter une vision plus technique aux problèmes hydriques. De plus, cet événement m’a permis de mettre de l’avant nos grandes réalisations institutionnelles en matière de développement durable, notamment la création du Fonds de développement durable de l’ÉTS, une petite contribution collective permettant de financer des projets éco responsables.

En retour, j’ai pris connaissance de plusieurs initiatives françaises impliquant directement les jeunes. Notamment le groupe Génération cobaye, qui fut créé et piloté par des jeunes. Ce mouvement tente de sensibiliser la population aux problèmes des perturbateurs endocriniens qui se retrouvent tant dans l’eau que dans les produits de consommations courantes. Le sujet est abordé de façon ludique tout en donnant de l’information pertinente.

En somme, ma participation au sommet de Nantes fut fort édifiante de par la possibilité d’échanger avec des acteurs du changement, tous azimuts. Par ailleurs, j’espère avoir fait honneur à notre belle institution en démontrant notre volonté ferme de sans cesse innover.

Mes remerciements au Fonds de développement durable  de l’ÉTS (FDDAÉÉTS) ainsi qu’aux Offices jeunesse internationaux du Québec (LOJIQ) d’avoir participé financièrement à ce voyage.

 

 
Sommet Climate Chance Nantes
Michaël Dubois