Printemps érable : espoirs et désolation
Il y a deux ans, le Québec vibrait au rythme de la jeunesse, de l’éducation, d’une lutte sociale dont on s’inspirera, sans doute, dans les années à venir.
Je veux traiter d’un événement d’une grande importance qui a, de par son envergure, mobilisé une jeunesse que l’on croyait complètement déconnectée de la réalité. Je fais allusion à cette jeunesse qui incarnait, encore mieux que les générations qui l’ont précédée, l’immobilisme et l’inertie du mouvement social au Québec. Cette jeunesse a porté en elle une lutte qui a permis de mettre sur la table, ou du moins dans les esprits de ceux qui ont voulu prendre part au débat public, la question de l’enseignement supérieur.
C’était une occasion en or pour se pencher profondément, non seulement sur l’enseignement dans les universités, mais aussi sur la formation de nos jeunes dans le système d’éducation du Québec dans son ensemble. Une occasion pour revoir le financement de l’école publique qui a l’impression de ne recevoir que quelques miettes, insuffisantes, pour la formation des prochaines générations, pour trouver des moyens efficaces de garantir l’accessibilité aux études dans des écoles publiques à la poursuite de l’excellence, gardant ainsi un niveau de qualité supérieur ou comparable à celui du reste du monde.
Mais cette occasion, nous l’avons tous regardée s’éloigner en lui faisant un signe de la main. Le système pourrait péricliter, mais… nous sommes confortables là-dedans.
Regardons les événements de plus près :
Tout d’abord, les revendications des étudiants et étudiantes ne se sont limitées qu’aux simples frais de scolarité, en brandissant l’argument de l’accessibilité. Nous avons très rarement vu des jeunes réclamer une hausse de la qualité de l'éducation. Il était encore plus rare d’entendre les étudiants et des étudiantes vouloir aborder la question de la qualité à l’enseignement préuniversitaire. Or, parler de qualité aurait mis en lumière la relation directe entre la qualité de l’éducation et son financement pour ensuite renvoyer irrémédiablement à la question suivante : qui va payer? Personne ne voulait régler la facture et tout le monde avait accepté de ne pas admettre que le système est éculé. Alors, on s’est limité à la question des frais et chacun est retourné chez lui, laissant le problème de l’éducation entier.
Ensuite, on ne peut taire le fait qu’une question sociétale comme celle de l’éducation n’a été conservée qu’entre les mains de quelques acteurs et actrices du domaine. Il n’y a pas eu de grandes consultations de la population, aucune participation de sa part; tout le monde tenait à laisser les étudiants et étudiantes « dealer » avec le gouvernement – qui avait d’ailleurs fait preuve de mauvaise foi – afin d’avoir le temps de regarder une téléréalité populaire… Deux ans après ces événements marquants, il est triste de voir qu’un grand mouvement – comme on n’en verra certainement pas dans un avenir proche – aurait pu être porteur de grands changements dans toutes les sphères de la société. Cela est vrai principalement pour une raison : le peuple (la population étudiante) s’était levé. C’était le moment de bousculer la mentalité des citoyens et citoyennes, de lui faire comprendre son devoir civique et sans doute de l’inviter à construire un pont entre ses rêves de société et sa réalité. Mais cela n’a malheureusement été vrai qu’à mots couverts, mots dont on devrait peut-être s’inspirer.
S’il faut espérer de grands changements, et cela est vrai dans toutes les sociétés, ces dernières ont un grand intérêt à investir dans leur jeunesse. Leurs actions doivent toujours être motivées par une pensée semblable à celle de George Danton, grand révolutionnaire français de 1789, qui disait qu’« après le pain, l’éducation est le premier besoin d’un peuple ». Sans une bonne éducation de ses jeunes, une société ne peut espérer prospérer. Sans une bonne éducation, toute volonté visant à aller de l’avant est éphémère et inutile. La jeunesse est, selon moi, la plus grande richesse d’un peuple, puisque c’est elle qui va perpétuer ses valeurs, ses mœurs et sa culture. Je reste tout de même optimiste face à ce que peuvent nous réserver les années à venir sur la participation citoyenne, après ces événements du printemps 2012.
Au final, fondamentalement, investir dans sa jeunesse, ce n’est pas seulement un pari pour un peuple; c’est une assurance.