L'Heuristique: Journal des étudiants de l'ÉTS

Le cartable numérique est-il à portée de main?

Mai 2014 » Technologie » Par Félix Cloutier, étudiant de génie logiciel, rédacteur en chef de L’Heuristique

Image pour Le cartable numérique est-il à portée de main?
 
Extrait de mes notes d’ING-160.
Image offerte au domaine public.

Depuis que j’ai un ordinateur portable et que je l’utilise pour mes études, j’entretiens le rêve de pouvoir me débarrasser de mes cartables et de mes feuilles mobiles pour n’utiliser que lui dans mes activités scolaires.

À cette fin, j’ai utilisé plusieurs logiciels : Word, OpenOffice et LibreOffice, Pages d’Apple, divers logiciels de dessin; et pourtant, je n’ai jamais réussi à obtenir toute la flexibilité que je recherchais pour prendre des notes. Je suis arrivé à la conclusion qu’un logiciel efficace de prise de notes devrait au minimum remplir ces quatre crtières :

Au final, ce n’étaient peut-être pas seulement mes logiciels qui n’étaient pas adéquats. Le matériel que j’utilisais (un MacBook Pro que j’adore dans tous ses autres aspects) ne s’y prêtait peut-être pas vraiment non plus.

La situation a changé quand j’ai mis la main sur une « tablette » Surface de Microsoft l’été dernier, accompagnée d’un clavier physique et d’un stylet. La tablette est accompagnée du logiciel OneNote dans son édition touch, qui sert justement à prendre des notes. Je l’ai donc mise à l’essai pour la session d’automne, où mon cours le plus intensif en termes de prise de notes était MAT-350, Probabilités et statistiques.

OneNote pour l’interface Windows 8, combiné au stylet qui permet des dessins plutôt élaborés, était probablement la solution la plus fonctionnelle qui permettait de prendre des notes au format texte et de dessiner des figures.

Les fonctionnalités de dessin sont plutôt abouties et c’est en général ce qui fascine le plus mes voisins de classe. Le logiciel permet de dessiner en n’importe quelle couleur, puis sélectionner, agrandir, déplacer, ou supprimer n’importe quel ensemble de traits; des fonctionnalités plutôt standard à mon avis pour un logiciel, mais qui font définitivement l’envie des utilisateurs et utilisatrices de papier et crayons à mine.

De plus, la saisie de notes est plutôt facile. Créer une liste ou un tableau est une opération qui ne demande que quelques touches de clavier très simples et intuitives : commencer une ligne par le caractère « * » démarre une liste; utiliser la touche « tab » à la fin d’une ligne transforme le début en colonne de tableau et crée une seconde colonne, puis réutiliser « tab » ajoute de nouvelles colonnes.

Cependant, il n’y a toujours pas moyen de créer des équations typographiées et le pire de tout, selon moi, est le fait que les notes étaient irrémédiablement coincées dans OneNote. Impossible de les imprimer ou même de les exporter vers un format imprimable : la seule façon de les lire est d’avoir l’ordinateur devant les yeux, ce qui est évidemment inadmissible lors d’un examen. Heureusement, les cahiers de notes physiques et de formules distribués pour le cours étaient amplement suffisants, et j’avancerais même que j’ai pris des notes plutôt par plaisir de tester que par réelle nécessité.

Cette session-ci, j’ai réitéré l’expérience avec le cours ING-160, Thermodynamique et mécanique des fluides. Cette fois-ci, le fait que les notes soient coincées dans l’ordinateur a été beaucoup plus handicapant, et a été une source considérable de stress avant les évaluations.

Or, vers la moitié de la session, Microsoft a rendu gratuite la version « bureau » de OneNote. Cette version du logiciel, contrairement à l’édition gratuite qui accompagnait ma Surface, fonctionne dans l’environnement traditionnel de Windows. Elle supporte beaucoup plus de fonctionnalités, notamment les équations typographiées, mais surtout l’impression et l’exportation au format PDF de documents. Exactement ce qu’il me manquait. En installant le logiciel sur la Surface, j’ai pu finalement avoir accès aux quatre fonctionnalités que je considérais comme essentielles à un cartable numérique.

Cette solution pourrait malgré tout ne pas convenir à tout le monde. Premièrement, le dessin de figures demeure l’opération la plus exotique, et elle nécessite du matériel spécialisé. On notera aussi que la technologie est toujours un peu approximative et qu’il y a une différence importante entre dessiner sur du papier et dessiner sur un écran. Finalement, le dessin est en général plus aisé sur la version touch du logiciel que sur la version bureau, alors que tout le reste est en général mieux sur la version bureau, ce qui oblige couramment à changer d’interface pour faire aisément ce que l’on veut.

Deuxièmement, le logiciel utilise SkyDrive, le cloud de Microsoft, et ne fonctionne évidemment que sur Windows. La version Mac de OneNote ne permet ni le dessin avec un stylet (faute d’écran touch sur les Macs), ni la création ou même la simple visualisation d’équations typographiées. Il va sans dire que le logiciel n’est pas disponible sur Linux. Certaines personnes pourraient donc être idéologiquement opposées à l’utilisation de cette solution.

Troisièmement, les stylets coûtent plutôt cher! Si vous êtes comme moi, vous perdez tellement de crayons que vous devez en racheter une fois par session. Ça n’est pas dramatique quand on peut en avoir cinq pour deux dollars, mais quand on perd un stylet de 30-40 dollars, on s’en veut un peu plus. J’ai perdu mon premier stylet dans un aéroport l’été dernier, alors que j’utilisais la fixation magnétique. Depuis, je range toujours mon nouveau stylet dans mon sac et ne fais plus du tout confiance à l’autre technique, même si elle est un peu plus cool.

Tout ceci étant dit, même s’il y a encore quelques hics, je pense que la technologie existe et est assez au point pour qu’une étudiante ou un étudiant moyen puisse prendre toutes ses notes sur ordinateur portable ou une tablette. Il y a évidemment encore de la place pour l’amélioration, et je pense que ça n’est qu’une question de temps avant que nous ne voyions d’autres logiciels plus adaptés que ceux que j’ai utilisés pour un contexte scolaire, et disponibles sur d’autres plate-formes. Les plus gros obstacles au débarras des cartables, à ce point, sont à mon avis les notes de cours format papier qui doivent être achetées à la Coop.