Une Fédération de trop
La Fédération canadienne étudiante en génie (FCEG) est une fédération étudiante qui rassemble de nombreuses associations étudiantes de génie au Canada, dont l’AÉÉTS. Sur son site, la fédération se targue d’offrir des occasions de développer les aptitudes suivantes : le leadership, les qualités professionnelles et morales, l’identité du génie, les compétences techniques et la communication. De plus, son mandat inclut la représentation nationale de ses membres et la favorisation des échanges d’idées.
Les activités de la FCEG se résument à son congrès annuel, à la Compétition canadienne d’ingénierie (CCI) et à la Conférence nationale des femmes dans l’ingénierie¹ (CNFI). En termes de représentation, la fédération peut compter sur un siège non votant aux instances du Bureau canadien d’agrément des programmes de génie (BCAPG). Afin de subvenir à ses besoins, la fédération reçoit des commandites et perçoit des frais lors de ses activités et annuellement à ses membres : 0,40 $ par membre, soit approximativement 3 000 $ en cotisations dans le cas de l’AÉÉTS.
Le plus grand obstacle de cet organisme est la dispersion, géographique et langagière, de ses membres. En effet, en tant que fédération pancanadienne, cette dernière rassemble des associations de partout au Canada, le deuxième plus grand pays au monde, bilingue, de surcroît. Ainsi, les associations québécoises se retrouvent les seules représentantes francophones de la FCEG. Ce débalancement impacte fortement l’accès au français : les documents, conférences et discussions de la fédération se déroulent presque exclusivement en anglais et sont autrement traduites en anglais, ce qui n’est que rarement le cas pour le français, comme en témoigne son site web. Quant aux communications sur les réseaux sociaux, ces dernières sont exclusivement anglaises.
Lors de sa dernière édition, le congrès se déroulait à Magog. L’équipe de l’Association Générale des Étudiant(e)s en Génie de l’Université de Sherbrooke (AGEG) a cru bon d’indiquer aux associations anglophones que la région des Cantons de l’Est était historiquement anglophone et que les communications francophones seraient traduites par des interprètes, disponibles en tout temps. Pourtant, aux associations francophones, on indiquait que la majorité des participantes et participants serait anglophone, mais qu’il fallait se sentir à l’aise d’utiliser la langue de son choix, des interprètes seraient seulement disponibles pendant les plénières. Aussi, le comité organisateur a cru bon d’appliquer un code vestimentaire strict pour la durée du congrès, s’imaginant probablement que l’habit fait le moine.
Le manque de transparence de la FCEG est flagrant, sur son site officiel : presque aucun document n’est disponible à ses membres, en anglais ou en français, et la plupart d’entre eux comportent des erreurs factuelles, sans oublier les traductions bâclées. Quant à sa représentation démocratique, cette dernière est inexistante : il n’y a pas d’assemblée générale des membres et les représentantes et représentants siégeant au congrès annuel ne semblent pas se baser sur quelconque mandat de la part de leurs membres. D’ailleurs, il semble que ce congrès, de même que la CCI, soit reconnu notamment pour ses fêtes encourageant la consommation abusive d’alcool; tant pis pour le professionnalisme et la moralité. Il ne faudrait pas non plus oublier que pour prendre part au congrès, les deux cents participantes et participants doivent manquer une semaine complète d’école.
Les rapports des participantes à la CNFI devraient être remis sous peu, de même que ceux des participants au congrès annuel, et ces derniers vont diriger la stratégie à adopter par l’AÉÉTS. Néanmoins, à en croire les procès-verbaux des anciennes administrations de l’AÉÉTS et les discussions en coulisse, les belles promesses faites lors du congrès ne devraient pas changer la donne. Les dernières années ont clairement indiqué que les nombreux travers de la fédération sont là pour rester. Nonobstant tous ces défauts, il demeure important de souligner l’absence presque totale d’avantages à faire partie de la FCEG. De ce fait, il ne serait pas surprenant qu’une motion visant à ne pas maintenir l’affiliation pour la prochaine année fiscale soit proposée à l’assemblée générale du 4 mars prochain.
¹ Il s’agit vraisemblablement de son nom, malgré certaines traductions contradictoires. Quoi qu’il en soit, la conférence de 2013, pour ne nommer que celle-là, était unilingue anglaise et son nom français n’a donc pas réellement d’importance.