Privatisation partielle d’Hydro-Québec : Oui!
Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a finalement écarté l’option de privatiser partiellement Hydro-Québec¹. Cela met fin prématurément à un débat de société important que M. Couillard avait lui-même lancé à peine un mois auparavant². Il est étonnant de voir que la vente partielle d’Hydro-Québec a été écartée aussi vite des éventualités possibles pour réduire la dette publique du Québec. En effet, le discours du premier ministre, depuis son élection au pouvoir, porte particulièrement sur le redressement des finances publiques. Ce texte se veut donc une invitation à reconsidérer l’option de la privatisation partielle d’Hydro-Québec.
Tout d’abord, la vente de 10 % d’Hydro-Québec permettrait, bien évidemment, de réduire la dette du gouvernement du Québec et d’épargner les intérêts payés sur la somme du capital remboursé. On le sait, le Québec est davantage endetté que les autres provinces canadiennes. Le Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO) nous apprenait qu’au 31 mars 2012, « la dette brute du gouvernement du Québec représentait 54,6 % du PIB, soit 20,0 points de pourcentage de plus que la dette de l’ensemble des provinces et 12,0 points de pourcentage de plus que celle de l’Ontario »³. La privatisation partielle d’Hydro-Québec pourrait donc s’avérer utile, le présent gouvernement ayant démontré son intérêt de ramener l’endettement du Québec à un seuil moins élevé qu’à l’heure actuelle.
Par contre, certains prétendront que la vente de 10 % d’Hydro-Québec ferait perdre des revenus au gouvernement, celui-ci recevant moins de dividendes de la société qu’auparavant. D’autres soutiendront également que la présence d’investisseurs privés nuira à la saine gestion des ressources énergétiques du Québec. Ces critiques s’avèrent erronées.
La présence d’intérêts privés au sein d’Hydro-Québec aurait probablement comme principal effet de dépolitiser Hydro-Québec. Le président-directeur général d’Hydro-Québec, Thierry Vandal, affirmait en février 2013 que les « commandes » politiques des différents gouvernements étaient responsables des surplus d’électricité du réseau d’Hydro-Québec⁴. La saine gestion des ressources énergétiques du Québec est donc minée par une trop grande ingérence du politique et non par une trop grande présence du secteur privé. Une présence minoritaire du secteur privé assurerait une meilleure indépendance d’Hydro-Québec vis-à-vis des intérêts du parti politique au pouvoir.
Qui plus est, une plus grande indépendance d’Hydro-Québec l’amènerait probablement à se recentrer sur ce qui devrait être son principal objectif : la performance financière. Une privatisation partielle d’Hydro-Québec devrait amener la société à créer davantage de valeur pour ses actionnaires. On peut s’imaginer qu’une société d’Hydro-Québec possédée à 90 % par le gouvernement du Québec pourrait lui rapporter davantage que s’il la possédait à 100 %.
En conclusion, une privatisation de 10 % d’Hydro-Québec serait bénéfique pour l’ensemble des Québécoises et des Québécois. Elle permettrait au gouvernement de réduire sa dette et à Hydro-Québec d’adopter une gouvernance davantage indépendante de la sphère politique. Il resterait à évaluer si la vente de ces 10 % d’actifs serait davantage lucrative si les tarifs d’électricité – incluant le bloc patrimonial – étaient haussés de façon à se rapprocher de la moyenne nord-américaine. Il s’agit, bien évidemment, d’une autre question avec son lot de complexités.