L'Heuristique: Journal des étudiants de l'ÉTS

La Santé mentale en milieu universitaire

Novembre 2015 » Vie étudiante » Par Anne-Sophie Lachapelle, étudiant de génie des opérations et de la logistique, collaboratrice culinaire de L’Heuristique

13 % des femmes consultent pour des troubles liés à la santé mentale par rapport à 6 % des hommes, alors que ce sont 87 % d’hommes qui graduent des facultés d’ingénierie.

Précédemment dans L'Heuristique, on a pu lire un article rédigé par une professionnelle de soutien à la santé mentale des Services aux étudiants de l'ÉTS (SAÉ). L'article, en plus d’annoncer les ressources disponibles aux universitaires et l’importance de les connaître, tentait de sensibiliser les pairs à la détresse en racontant l'histoire d'un jeune homme qui commençait à manquer ses cours parce que sa « blonde » l'avait laissé. Bien que non négligeable, cette situation fait partie des aléas de la vie courante.

Ce qui est étonnant d’un texte rédigé par une professionnelle travaillant à même un service en milieu universitaire, c'est qu'il ne soit jamais mentionné que l'université elle-même est non seulement un milieu, mais une période de la vie constituant une source de stress suffisante pour que de réels troubles mentaux ou une détresse psychologique se déclarent. Lorsqu'on dépeint la situation du point de vue étudiant, le portrait est bien différent que celui de l'étudiant ayant été quitté par sa copine.

Les troubles de santé mentale constituent une réelle problématique. Naturellement, des ressources doivent être mises en place pour accommoder les élèves atteints de troubles psychologiques et psychiatriques. D’ailleurs, plusieurs initiatives visant à contrer cette problématique ont été mises de l’avant, le programme OR Pair, par exemple. Cependant, bien qu’il faille saluer cette initiative, la problématique demeure et prend de l’ampleur. En effet, le taux d’universitaires en situation d’handicap (ESH) est en constante croissance.

La communauté universitaire est marquée par la réalité démographique. En effet, les jeunes de 15 à 29 ans sont particulièrement vulnérables et évoluent dans un environnement exigeant. Les universitaires sont souvent aux prises avec la précarité financière, en plus de vivre une importante période de transition : voilà d’importants déterminants sociaux de la santé mentale. Outre le programme OR Pair, les services psychologiques de l'École sont insuffisants, puisque rapidement saturés. On n'y retrouve que du soutien à la réussite, c'est pourquoi il est facile de constater que les ressources sont manquantes et l'expertise inexacte.

Afin d’offrir un environnement d’apprentissage optimal à une personne vulnérable, une institution d'enseignement supérieur doit être perçue comme sécurisante. Les ressources doivent être plus efficaces et adéquates. Elles doivent être d'autant plus disponibles et accessibles pour éloigner la possibilité de décrochage scolaire, puisque plus les difficultés s’échelonnent dans le temps, plus cette situation est susceptible d’affecter les résultats académiques, et donc la continuité du cheminement des étudiantes et étudiantes.

Certes, « il demeure [encore] des stéréotypes à vaincre au chapitre de la santé mentale », tel que mentionné par le Secrétariat à la jeunesse, mais la quantité de consultations pour des problèmes de santé mentale a augmenté de 130 % dans les urgences du Québec entre 2008 et 2012. Tout porte à croire que cette tendance continuera d'augmenter, compte tenu le succès des campagnes de sensibilisation.

Un trop grand nombre d'élèves diagnostiqués ne reçoit toujours pas les traitements requis, et ce, même avec les divers programmes et subventions en place. Or, les Services aux étudiants sont souvent laissés à eux même en ce qui a trait à la santé mentale.

L'attention est avant tout portée sur les situations problématiques, bien qu’il vaille mieux prévenir que guérir. Présentement, les revendications des groupes jeunesse de la province sont sous la loupe du Secrétariat à la jeunesse. Les difficultés vécues par la communauté étudiante de l'ÉTS, en lien avec les ressources d'aide psychologique qui leur sont offertes, n'ont pas été ignorées, et ce, grâce à son siège au sein de la Confédération pour le rayonnement étudiant en ingénierie (CRÉIQ). Effectivement, grâce à l’appui de ses associations membres, la CRÉIQ a pu faire parti d’une coalition mettant de l’avant, entres autres, la revendication de « mesures visant à offrir un meilleur soutien aux étudiantes et aux étudiants qui ont des besoins particuliers ou qui vivent des difficultés personnelles ou des troubles psychologiques ». Ainsi, dans les années à venir, verrons-nous peut-être l’équipe des services psychologiques de l’ÉTS s’ouvrir sur la communauté en ce qui a trait aux enjeux réels grâce aux mesures qui découleront des revendications étudiantes.