S'informer a un coût
Comprendre notre vie étudiante avec un peu d’économie
Cet article est le premier d’une série qui proposera une interprétation économique des différentes actions que peut prendre une organisation telle une association étudiante, un comité ou tout autre regroupement. Avant d’aller plus loin dans le sujet principal de cet article, j’aimerais d’abord présenter certains concepts économiques qui seront utilisés tout au long des prochains articles.
6 concepts fondamentaux en économie
- L’action individuelle
Seuls les individus peuvent agir : ainsi, même si une organisation « prend » une décision, il faudra que les individus qui la constituent mettent de l’avant cette dernière. Par conséquent, même si une décision collective est prise, une personne doit mettre en marche le tout. Il faut donc toujours ramener l’analyse à l’individu pour comprendre une situation. En somme, un groupe ne prend pas de décisions, mais un individu en prend.
- La rareté
Les ressources sont limitées et plusieurs utilisations alternatives existent. Un individu a pratiquement une infinité de besoins et de désirs et cela s'applique en tout temps. Ce qui nous amène dans un contexte avec des besoins infinis et des moyens les comblant qui sont limités, créant ainsi la rareté.
- Les choix
Du fait de la rareté, nous sommes amenés à devoir faire des choix qui sont parfois mutuellement exclusifs.
- Compromis
Cela nous conduit alors à devoir faire des compromis. Ainsi, si nous décidons de passer une journée avec notre tendre moitié, nous sommes par conséquent dans l’impossibilité d’étudier pleinement pour un examen et vice-versa. Le choix que nous allons prendre va déprendre de la valeur de ce que nous choisissons en comparaison de la valeur de ce que nous ne choisissons pas.
- La valeur est subjective
La valeur des choix sera subjective en fonction de plusieurs facteurs. Par exemple, si nous donnons le choix à une personne dans le désert entre un litre d’eau et un lingot d’or, nous pouvons facilement comprendre que la personne assoiffée aura plus de chance de prendre le litre d’eau plutôt que le lingot d’or, mais qu’une personne dans une situation différente pourrait prendre une autre décision. La valeur dépend alors du moment ainsi que des priorités, des buts et des préférences personnelles de chaque individu. Par conséquent, la valeur que nous donnons aux éléments de nos désirs et besoins sera subjective à la réalité de chacun.
J’ajouterais une petite note sur la valeur que celle-ci ne soit pas juste une question de dollars, d’argent ou de bien matériel. La valeur peut s’appliquer à l’amour, à l’amitié, à la reconnaissance sociale ou encore à de bonnes notes dans un cours de finance et cela n’est qu’une infime fraction de ce que nous pouvons imaginer comme valeurs pouvant influer un individu.
- Les incitatifs
À tout moment, nous rencontrons des incitatifs qui influencent les décisions que nous prenons. Par exemple, si une compagnie offre une promotion du type « 2 pour 1 » sur la poutine, nous pourrions être amenés à choisir cette compagnie au lieu d’une autre, le tout bien sûr en fonction de la valeur que nous accordons d’avoir deux poutines au lieu d’une pour le même coût. Un autre exemple, dans le domaine universitaire, est celui de la pénalité en cas de retard pour la remise d’un travail. Ainsi, un incitatif peut être positif ou négatif. Le point le plus important à retenir est que ceux-ci comptent et comptent pour beaucoup.
Maintenant, abordons le sujet principal :
S’informer a un coût
Tous les jours, nous sommes bombardés d’informations de toute source. Ce qui distingue l’information que nous retenons de celle que nous ignorons de manière volontaire ou parfois involontaire est le coût que nous avons pour acquérir l’information.
Un bon exemple est un article de journal. Un article possède un titre qui a généralement un coût faible à lire, tandis que le corps de l’article peut parfois représenter un coût élevé à lire que ce soit en temps, en concentration ou encore en termes d’intérêt. Ainsi, une personne qui aura un intérêt particulier pour un sujet sera amenée à lire plus activement un article sur ce dernier, tandis qu’elle laissera de côté un article qui la passionne moins.
Un autre exemple dans le contexte d’une organisation telle une association étudiante serait de savoir ce qui s’est passé lors de la dernière assemblée générale. En premier lieu, la valeur de cette information est pour ne pas dire hautement subjective. Ainsi, deux personnes n’auront pas nécessairement le même désir d’obtenir cette information. En deuxième lieu, disons que si la seule façon d’obtenir l’information est de lire un procès-verbal, on s'entend sur le fait que la lecture de ce type de document n’est pas le genre de lecture qui passionnera tout un chacun. En somme, le coût pour obtenir l’information sur le déroulement de la dernière assemblée générale (si on lit le procès-verbal pour s’informer) est d’une certaine façon très élevé pour certains.
De l’autre côté, disons qu’une personne fait publier un Spotted résumant de façon large le déroulement de la dernière assemblée en moins de 140 caractères, cette façon de transmettre l’information aura plus de succès grâce à son faible coût de lecture. Conséquemment, le coût d’information sera réduit et plus de personnes prendront connaissance de l’information de cette manière.
En somme, s’informer sur les actions prises par une organisation peut s’avérer très coûteux si l’organisation ne facilite pas la transmission de l’information.
Quelques pistes de solution
Sachant que le coût de s’informer peut représenter un obstacle à la transmission de l’information, une organisation doit alors concentrer son travail sur la réduction du coût d’accès à l’information.
Ainsi, se contenter d’un nombre limité de moyens de communication a pour conséquence de rejoindre un groupe limité d’individus. Une organisation doit alors varier ses moyens de communication : se contenter des moyens électroniques pour communiquer est certes peu coûteux en effort pour la personne qui transmet l’information, mais peut s’avérer coûteux pour la personne que l’on tente de rejoindre, ce qui n’est pas le but. Ainsi, faire du travail de terrain en rencontrant des personnes peut s’avérer un moyen efficace de rejoindre des personnes qui n'auront généralement pas l’intérêt de lire l’information transmise par des moyens électroniques.
Aujourd’hui, avec les moyens de communication modernes que nous avons, il est facile d’enregistrer des assemblées pour les diffuser en direct ou même permettre leur accès en différé. Le visionnement d’une vidéo est parfois plus intéressant que la lecture d’un document. Ainsi, une organisation qui souhaite réduire le coût pour ces membres de s’informer de ses assemblées devrait rendre facilement accessible le contenu des assemblées par des moyens intéressants, pertinents et modernes.
Les médias sociaux représentent aussi une opportunité de communiquer avec le type de clientèle que les différents comités de notre école partagent. Il reste que si les publications faites par une organisation consistent seulement à diffuser le fait qu’en fin de semaine on change d’heure ou encore à afficher la publicité de ses partenaires mercantiles, cela va réduire l’intérêt de suivre les médias sociaux de l’organisation. Pour qu’une organisation réussisse sur les médias sociaux, elle doit viser à susciter des réactions. Le meilleur exemple est la personnalité que la compagnie Wendy’s a décidé de prendre pour ses interactions sur les médias sociaux (si vous ne connaissez pas, je vous invite à rechercher sur le web : Wendy’s twitter). Ainsi, une organisation devrait adopter une personnalité sociale pour susciter l'interaction des personnes qu’elle cherche à intéresser. Il reste que la personnalité d’une limace n’est pas la meilleure idée pour une personnalité de médias sociaux.
Finalement, une organisation doit accepter de sortir de sa zone de confort. Rester dans le cocon des amis qui pensent comme soi n’est pas la meilleure façon d’obtenir l’heure juste sur ce que le monde pense de son organisation. Un individu qui souhaite amener l’organisation pour laquelle il travaille à se dépasser doit pouvoir accepter la critique et ne pas lui répliquer, sans l’avoir prise en considération. Lorsqu’une critique est émise, il faut d'abord et avant tout chercher des pistes de solution à celle-ci. La meilleure place où commencer est de demander à la personne qui a émis la critique les solutions qu’il préconise et l'inviter à se joindre à l’organisation pour les appliquer, si la solution est viable et répond au bon sens. Car, comme expliqué plus tôt, ce sont les individus qui agissent et non les organisations.
Recommandation de lecture
En lecture complémentaire à cet article, je vous recommande Economics in One Lesson de Henry Hazlitt. Ce livre est une excellente introduction à différents principes d’économie que j’aborderai dans les prochains articles.
Si, comme moi, vous souhaitez réduire votre coût d’information, sachez que le livre est disponible en format livre audio sur audible.ca.
Bonne lecture à vous.