L'Heuristique: Journal des étudiants de l'ÉTS

La hausse péquiste, ne faut-il pas la regarder à long terme?

Avril 2013 » Opinions » Par Félix-Antoine Tremblay, étudiant de maîtrise, chef de pupitre du JETS

Suite à la précédente publication sur la hausse péquiste, présentée dans les médias comme une « victoire » pour le mouvement étudiant, plusieurs ont critiqué la période sur laquelle étaient comparés les différents scénarios dans le graphique, soit 100 ans. Certains ont même affirmé qu’il s’agissait de « jouer avec les chiffres ». Pourtant, un gouvernement ne peut prendre une décision en se basant sur la possibilité, aussi certaine soit-elle, que sa décision sera modifiée par un prochain gouvernement, ou par lui-même. Agir ainsi reviendrait à reconnaître qu’une politique est mauvaise lors de son adoption. Par ailleurs, lorsqu’il était question de la hausse libérale, les contestataires disaient se battre pour les générations futures. Pourtant, selon cette même logique, un prochain gouvernement aurait tout à fait pu revenir sur la décision en question. Ceci étant dit, ce graphique servait surtout à démontrer que cette hausse « stable et prévisible », selon les dires du Parti québécois¹, est bien pire que l’indexation au coût de la vie, comme le montre la comparaison avec la courbe de l’inflation moyenne².

Il ne faut pas oublier que la « promesse » électorale péquiste était de tenir un Sommet, lequel rendrait une décision quant aux frais de scolarité. Celle-ci devait se situer entre la gratuité scolaire et l’indexation à l’inflation, mesure réduisant l’accès à l’éducation, puisque la moyenne du revenu disponible augmente moins rapidement que l’inflation moyenne². Dans les faits, la gratuité scolaire a été écartée publiquement bien avant le Sommet et, dans les jours précédents celui-ci, derrière des portes closes, seule l’indexation était à envisager³. Lors du Sommet, le gel des frais de scolarité, seule position véritablement « stable et prévisible », était la seule avenue rassemblant la majorité des intervenants et intervenantes. Toutefois, le Parti québécois, en « bon démocrate », a choisi une hausse encore pire que l’indexation à l’inflation. Il a choisi l’indexation à « une moyenne du revenu moyen disponible par famille? ».

La hausse annoncée est de 3 %, du moins selon l’annonce faite au Sommet, car il y a actuellement un flou « artistique » autour de la question. En effet, une indexation se fait sur un indice et non sur une moyenne d’un indice. Dans le cas qui nous occupe, la « moyenne » n’est d'ailleurs aucunement liée avec l’indice en question, la véritable moyenne se situant plutôt à 1,53 % d’augmentation?, comme le montre le tableau ci-joint. Dans le cas où le Parti québécois aurait fait une grossière erreur de calcul, sa hausse serait effectivement inférieure à l’inflation et respecterait donc sa promesse en ce sens. On pourrait tout de même critiquer l’absence de réelles discussions lors du Sommet, la décision ayant été prise bien avant celui-ci.

Voici donc à nouveau ce graphique, lequel, ne tient cette fois pas compte des frais afférents puisque le Parti québécois a (une nouvelle fois) reculé sur sa décision de les hausser, eux aussi, de 3 % par année. Notez que cette fois-ci la projection est faite sur 63 ans seulement, en raison des critiques mentionnées précédemment.

¹ Le Parti québécois vante le côté « stable et prévisible » de sa hausse.

http://pq.org/actualite/communiques/l_enseignement_superieur_pour_tous_sommet_sur_lenseignement_superieur_des_resu

² Les statistiques du gouvernement du Canada (2000-2010) indiquent que l’inflation moyenne québécoise est de 2,08 %.

http://www.tableaudebordmontreal.com/indicateurs/pouvoirachat/tauxinflation.fr.html

³ Selon le compte-rendu d’une rencontre entre l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), Pauline Marois et Pierre Duschesne.

https://www.facebook.com/notes/afesped-uqam/rapport-de-rencontre-entre-ass%C3%A9-et-marois-duchesne/10151466805715318

? Les chiffres du gouvernement du Québec (2000-2010) indiquent que l’augmentation moyenne du revenu moyen disponible par ménage est de 1,53 %.

http://www.stat.gouv.qc.ca/donstat/societe/famls_mengs_niv_vie/revenus_depense/

 
Félix-Antoine Tremblay
 
Évolution du revenu disponible moyen au Québec par rapport à l'inflation.
Félix-Antoine Tremblay