À qui profite le crime?
Si vous n’avez jamais entendu parler du conflit israélo-palestinien, c’est que vous vivez au fond d’une grotte depuis 70 ans, et que vous êtes sorti aujourd’hui uniquement pour récupérer L’Heuristique et découvrir ce qui se passe dans le monde.
Ce conflit est particulièrement complexe à expliquer et ne peut se résumer en quelques lignes sur un papier. Dans cet article, je m’intéresse particulièrement aux derniers évènements qui ont eu lieu cet été.
Deux camps s’affrontent : d’un côté Israël et de l’autre le Hamas. Vous avez surement déjà votre propre avis sur la question du gentil et du méchant. Je ne vais donc pas vous montrer quel camp vaut mieux que l’autre, et je vais essayer d’être le plus objectif possible.
Après des semaines de tueries, de barbaries, on peut tout de même comprendre qu’aucun des deux camps n’est gagnant dans un tel conflit. Le Hamas réclame la levée du blocus et attaque Israël pour se faire entendre. Israël réclame la paix pour ses citoyens et veut détruire le Hamas. Donc, plus le Hamas attaque, plus Israël pourra justifier ses attaques sur la bande de Gaza. Plus il y aura d’attaques israéliennes, plus le Hamas réclamera vengeance; jusqu’à ce qu’un des deux camps cède. Le Hamas a déjà perdu beaucoup de ses alliés et la communauté mondiale a de plus en plus de mal a soutenir Israël dans ses agissements. Au milieu du désaccord, il y a la population palestinienne qui subit l’assaut d’Israël et qui est utilisée comme bouclier par le Hamas. Vous voyez bien le cercle vicieux qui a engendré plus de 2 000 morts ces dernières semaines.
Suite à ce constat amer, une question m’est venue à l’esprit : à qui profite ce crime?
Toute enquête devrait commencer de cette façon. Je me suis donc demandé qui était gagnant dans toute cette affaire? Qui peut en sortir grandi? Mon intuition m’a alors dit de suivre l’argent et découvrir qui peut augmenter son capital. Évidemment pas le Hamas, qui a bien du mal à survivre. Israël me direz vous? Pas vraiment. Cette guerre lui coûte très cher et fait surtout baisser sa cote de popularité. Les conflits passés étaient moins relayés par les médias et par Internet. Mais, maintenant, l’État juif va avoir du mal à faire passer la pilule et ses sympathisants ont diminué; on a même vu des Israéliens déchirer leur passeport. Officiellement, Israël cherche la paix en voulant détruire le Hamas. Mais force est de constater que cette région du monde ne sera pas stable avant plusieurs années et que chaque camp doit profondément se remettre en question.
Je me suis alors tourné vers les entreprises mandatées pour ce conflit. Je cherchais les entités qui n’ont pas signé les chèques, mais qui les ont encaissés. Deux mots se sont jetés sur moi : « Iron Dome ». Mais si, vous connaissez ce système de défense imparable qui fait la fierté des Israéliens : une ligne de batterie de missiles mis en service en 2011 servant à intercepter les projectiles envoyés par l’adversaire. Un véritable bouclier géant dont le taux de réussite augmente de plus en plus au fil du conflit. À l’heure où j’écris ces quelques lignes, on parle de 80 % à 90 % d’efficacité; certaines sources annoncent même 100 %. Un bijou de technologie pour arriver à un tel résultat.
D’un point de vue ingénierie, ce projet rivalise d’innovation. L’Iron Dome est équipé d’un radar central qui contrôle six lanceurs contenant chacun 20 missiles intercepteurs. La particularité est que ce système détruit seulement les projectiles dangereux pour la population. Si le point de chute est un champ, pas la peine de gaspiller de missile. Ce type de projet touche tous les domaines du génie. L’armement en général est peut-être votre futur champ d’expertise. À la pointe des dernières innovations, ce domaine est souvent celui qui reçoit le plus de subventions.
L’envoi d’un missile d’interception coûte 30 000 $ au client. Et à la base, chaque batterie a coûté 500 000 $. Il y a présentement six batteries qui protègent une partie du territoire. Il en faudrait seulement 13 pour recouvrir tout Israël de ce dôme. Le marché n’est donc pas encore bouché.
En suivant l’argent, on tombe en premier sur les investisseurs. Sans rentrer dans les détails, il faut savoir que les États-Unis ont investi 700 millions $US depuis 2011 pour développer le Dôme de fer. D’ailleurs, le Sénat américain a voté au mois de juillet 2014 une augmentation de 50 % des subventions de l’année 2015 pour aider Israël, soit 351 millions, contre 235 millions en 2014. Et ce n’est évidemment pas le seul « commanditaire ».
J’ai alors cherché la compagnie qui a si bien travaillé pour en arriver là, et avec mon ami Google, quoi de plus facile? Elle se nomme RAFAEL, acronyme hébraïque de « Autorité pour le développement de l'armement ». Créée en 1947 en prévision de la déclaration d’indépendance d’Israël de 1948 qui promettait déjà un conflit d’envergure, elle dépendait du ministère de la défense israélien jusqu’en 2002. De son vrai nom, Rafael Advanced Defense Systems Ltd, elle conçoit, développe, fabrique et distribue des armes de hautes technologies pour les armées de l'Air, de Terre, la Marine et même pour des applications spatiales.
J’avais enfin posé le doigt sur une entité qui profite de la situation. Premièrement, d’un point de vu financier, on peut dire que son domaine d’activité se porte bien : plus il y a de guerres, plus elle vend. Plus elle vend, plus elle fait de bénéfices. L’important étant de séduire les clients.
Seulement voilà, « Iron Dome » a été très critiqué. Principalement sur son efficacité. En effet, avant le conflit de cet été, peu de gens croyaient aux statistiques émises par l’entreprise. Parmi eux, le professeur Pedatsur de Tel-Aviv criait à l’escroquerie et affirmait que « Iron Dome » ne pouvait fonctionner. Et ce n’est pas le premier projet développé. Il y a eu, par exemple, le projet « Nautilus laser », développé par les États-Unis et Israël entre 1995 et 2005, et abandonné pour des raisons de faisabilité. Cela prouve une fois de plus qu’il n’est jamais facile d’intégrer un nouveau produit dans la société.
Mais l’été 2014 est une bonne nouvelle pour RAFAEL. Son produit est mis à l’épreuve et réussit tous les tests du Hamas, faisant taire les actionnaires les plus septiques. Tout le monde est d’accord sur le fait qu’Israël domine de loin les affrontements avec plus de 2 000 Palestiniens tués pour une soixantaine d'Israéliens en date du 22 août. Un système de défense ne peut être véritablement testé qu’en se faisant attaquer.
De plus, le département marketing de l’entreprise doit être ravi. En effet, son produit est au premier plan mondial. La Terre entière parle du conflit. Les médias en font le sujet d’actualité principal. Le peuple descend dans la rue pour s’assurer que tout le monde se rende compte de la réalité. RAFAEL a la meilleure campagne de publicité qui soit et tout ça gratuitement. D’ailleurs, plusieurs pays sont aujourd’hui convaincus de l’efficacité du Dôme de fer. La Corée du Sud, l'Inde, Singapour et la Pologne sont déjà intéressés et prévoient l’acheter. Ce n’est pas les zones de conflits qui manquent autour de cette Terre, et chaque pays qui a peur de son voisin est un client potentiel pour RAFAEL.
Bien sûr, ce serait un énorme raccourci que de dire que l’entreprise a voulu cette guerre. Les raisons du conflit sont bien plus profondes que ça. Au terme de mes recherches, je pense avoir trouvé un élément de réponse à la question que je m’étais posée : à qui profite le crime? Cependant, il est évident que cette entreprise n’est pas la seule sur le marché, et que la guerre profite à d’autres domaines d’activités. La guerre de religion n’existe pas, les guerres idéologiques non plus. La guerre ne fait que payer le salaire de beaucoup de gens, et peut-être qu’un jour elle paiera le vôtre.