Dyze Design : Parcours d'entrepreneur
Comme vous le savez sûrement, nous sommes à l’ère où les imprimantes 3D sont en train de changer le monde petit à petit. Grâce à cette innovation, il est désormais possible de créer des objets de formes diverses avec une panoplie de matériaux très intéressants (plastique, métal et, croyez-le ou non, même des bonbons). Bien que cette technologie semble intéressante pour une particulière ou un particulier qui pourra façonner les pièces qu’elle ou il saura imaginer, cette technologie devient particulièrement pratique pour des compagnies qui cherchent à innover ou à modifier leurs produits. Désormais, au lieu d’envoyer les plans d’un nouveau prototype à une entreprise qui enverra la pièce complétée dans un délai de deux semaines (au risque de se rendre compte que la nouvelle pièce a un défaut de conception), il est possible, pour le département de recherche et développement ou de conception, de façonner immédiatement le prototype et donc de voir s’il y a des défauts dans le design. J’ai eu la chance, grâce à un 5 à 7 organisé par le Réseau d'Entrepreneuriat Technique et Stratégique (RETS), de rencontrer Patrick Marcotrigiano, un nouveau joueur dans l’industrie des imprimantes 3D. Cet article portera sur son parcours et sur ce qui l’a amené à créer, avec ses partenaires, Dyze Design, une entreprise spécialisée dans la vente et la fabrication d’accessoires haut de gamme pour imprimantes 3D. Cette rencontre a mené à une visite de leur entreprise et à une bonne discussion avec ces jeunes entrepreneurs qui se sont lancés dans l’aventure que sont les startups : monde qui en fascine plusieurs à l’ÉTS. Patrick Macotrigiano, diplômé de l’ÉTS, a eu l'amabilité de participer à une entrevue :
Question : Que croyez-vous être la chose la plus importante lorsqu’on veut se lancer dans une telle aventure?
Réponse : TIMING, PASSION, VISION. Il est clair qu’être entrepreneur apporte un grand niveau de risque et il faut être capable de dealer avec. Par contre, avoir de bonnes connaissances en entrepreneuriat et avoir une bonne planification réduit ce risque. Le timing est ULTRA important. La passion et une excellente vision à court, moyen et long terme dans votre domaine va vous aider à aller loin.
Q : Selon vous, qu’est-ce qui est plus important? Avoir un bon concept de produit et un plan d’affaire solide, ou plutôt avoir une bonne équipe de partenaires en qui on peut faire confiance?
R : Je dirais que les deux sont très importants. Par contre, s’il faut choisir, je dirais avoir une excellente équipe. Car une équipe solide va amener d’excellents concepts de produits et un bon plan, mais pas l’inverse.
Q : Patrick, est-ce que tu dirais que ton parcours à l’ÉTS t’a donné un assez bon background pour te lancer dans cette aventure? As-tu eu à suivre des cours en dehors de la formation à l’ÉTS?
R : Il est CLAIR pour moi que je suis ici en partie à cause de mon parcours à l’ÉTS. J’ai toujours été une personne avec beaucoup d’idées de projets, et la fibre entrepreneuriale est très développée chez moi. La vraie flamme est arrivée à la maîtrise en gestion de l’innovation en écoutant mes profs. Il y a d’excellents profs à la maîtrise qui ont beaucoup d’expérience et qui sont passionnés dans leur domaine. Des sujets tels que la bonne gestion de projet, l’intelligence économique, la veille stratégique, le financement, PDP (processus de développement de produit), PI (propriété intellectuelle), etc., m’ont permis d’avoir un bon background pour démarrer mon entreprise. L’innovation a toujours été un sujet qui me passionnait, et c’est lorsque j’ai commencé ma maîtrise que j’ai compris que je voulais être entrepreneur.
Je suis une personne qui veut toujours en savoir plus, alors oui, j’ai suivi des formations hors ÉTS. J’ai suivi plusieurs formations avec Montréal INC et avec la Jeune chambre de commerce. De plus, je vais suivre, en septembre prochain, une formation avec l’institut d’entrepreneuriat (HEC et Banque Nationale) afin de toujours augmenter mes connaissances. Comme je dis souvent : le savoir apporte les réponses, les réponses apportent le meilleur chemin à prendre. (Merci Elizabeth!)
Q : Quelle est la chose la plus difficile lorsqu’on se lance dans le monde du startup? Quelles difficultés avez-vous rencontrées? Auriez-vous des conseils à fournir à de jeunes entrepreneurs qui sont présentement aux études?
R : Selon moi, le plus difficile, c’est le FOCUS qui doit être de toujours faire des tâches qui vont bénéficier à l’entreprise. Comme je dis, (j’ai sûrement lu ça dans mes livres ou bien ceci vient sûrement d’un prof à l’ÉTS) être en business, c’est comme être en guerre: il faut avoir une tactique, connaître ses ennemis (concurrents), lancer des produits ou services et prendre action afin de prendre le plus de terrain possible tout en réduisant celui des concurrents.
La principale difficulté que nous avons rencontrée est le financement. Par contre, nous avons gagné plusieurs concours et bourses afin de pallier à ce défi.
Pour les conseils, je dirais de ne jamais abandonner (plusieurs le disent, mais c’est vrai...) et être bien préparé.
Q : Où voyez-vous Dyze Design dans les prochaines années? Avez-vous déjà atteint des milestones intéressants? Diriez-vous que les choses se déroulent comme prévu?
R : DYZE DESIGN deviendra, dans les prochaines années, LA référence pour les pièces haute performance pour les imprimantes 3D.
Pour les milestones, je dirais que nous en avons atteint quelques-uns, comme avoir commercialisé nos produits en moins de 6 mois, réussir à faire des ventes à des clients à l’international et commencer à signer des revendeurs.
Les choses ne se déroulent jamais exactement comme prévu. Ce qui est important c’est d’être toujours capable de faire le PIVOT rapidement afin de toujours prendre le meilleur chemin et de prévoir les imprévus (c’est drôle à dire, mais bon).
Q : J’imagine qu’il est difficile, pour une entreprise, d’avoir une bonne visibilité à ses débuts. Que faites-vous pour remédier à cette situation? Faites-vous de la publicité? Diriez-vous que faire des promotions vous donne une plus grande place sur la scène?
R : Pour remédier à ceci, je travaille (10 % de mon temps) avec une autre personne qui s’occupe à temps plein (merci ANDY) des réseaux sociaux, publications, communications et toute la stratégie marketing de notre entreprise afin d’augmenter la visibilité de notre image de marque et notre portée dans un domaine très compétitif. Pour les publicités, pour l’instant nous sommes très conservateurs, car notre nouveau produit, la DyzEND-X, arrivera bientôt et c’est ce produit qui sera présenté à des influenceurs de notre domaine. Il est certain que la promotion d’un bon produit nous donne une plus grande place sur scène et est essentiel pour se différencier et intéresser les consommateurs.
Q : Auriez-vous des conseils plus personnalisés à donner à un étudiant qui chercherait à suivre vos pas?
R : Avoir une bonne idée n’est pas assez. Il faut que votre coffre d’outils soit bien rempli et que vous planifiiez bien votre timing, car le timing est crucial….Plus que l’argent! Regardez YouTube… pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire, allez lire sur le sujet, car le premier « YouTube », n’était pas YouTube, mais leur timing n’était pas bon à cause d’une limite de bande passant internet.
Somme toute, l’entrepreneuriat est définitivement un monde complètement différent des stages auxquels nous pouvons être habitués ou des emplois que nous avons tendance à occuper (le fameux 8 à 5). Bien entendu, c’est une route qui peut parfois être très difficile et qui nous force à développer des compétences et des habiletés qui ne s’apprennent pas sur les bancs d’école. Heureusement, notre école nous fournit tout de même d’assez bons outils pour nous aider vers cette voie qui, rappelons-le, est tentante pour plusieurs étudiantes et étudiants.