L'Heuristique: Journal des étudiants de l'ÉTS

Trois premières aux RIDM

Septembre 2016 » Culture » Par Félix-Antoine Tremblay, étudiant de maîtrise, rédacteur en chef, L’Heuristique

Image pour Trois premières aux RIDM
 
Au secours.
Photo distribuée pour utilisation médiatique

Plusieurs premières ont lieu chaque année aux Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM). Trois d’entre elles avaient lieu dans la même soirée : la première québécoise de The Place, la première mondiale de Métro et la première nord-américaine de Au secours.

The Place

The Place est un court métrage réalisé en 2015 par la Polonaise Julia Poplawska. L’œuvre se déroule à l’observatoire météorologique de Kasprowy Wierch, le point le plus élevé de la Pologne, à 1 987 mètres d’altitude.

Le documentaire non narratif présente le travail scientifique réalisé dans des conditions extrêmes. L’aventure se déroule en hiver, surtout la nuit, pendant une tempête. Sans la moindre explication quant au contenu, l’espace-temps indéchiffrable donne parfois des airs de film d’horreur à The Place.

Les protagonistes évoluent dans un environnement hostile et ont pour seul abri une vieille station météorologique. La forme de l’endroit permet plusieurs prises de vue expérimentales dont le résultat est fort intéressant. La qualité de l’image est d’ailleurs un des points forts de l’œuvre, mais en l’absence de la productrice lors de la projection, il est impossible de savoir si cela est avant tout dû au travail de postproduction.

L’énigmatique The Place ne saurait plaire à toutes et à tous, mais ne laissera certainement pas de glace son auditoire. La bande-annonce peut être visionnée à l’adresse bit.ly/1qAY3vB.

Métro

Nadine Gomez a su montrer le métro de Montréal comme il ne l’avait pas encore été, à écran interposé. Celle-ci déplorait qu’aucune œuvre couvrant autre chose que sa construction ne se soit penchée sur l’ouvrage gigantesque qu’il représente. Elle a tenté d’y remédier, avec l’appui du Conseil des arts de Montréal, de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) et de l’Office national du film du Canada (ONF).

Le métro de Montréal est unique, puisque chacune de ses stations a été conceptualisée par des architectes différents. Métro vise à faire découvrir au grand public les attraits souvent occultés par l’aspect utilitaire du métro. Le court métrage non narratif suit un scénario qui transporte l’auditoire dans des dizaines de stations différentes. En introduction, Métro crée une attente alors qu’il présente tout du métro, sauf les rames. On les entend arriver, de plus en plus près, mais sans les voir.

Le documentaire a été tourné avec des appareils à la fine pointe de la technologie afin de maximiser la qualité de l’image, certaines sections ayant été filmées en 6K, soit 6 144 x 3 160 pixels. Malgré cela, Métro est présenté en noir et blanc. L’accent est mis sur la qualité de la prise de son et d’images, notamment sur les « petits bruits » du métro, comme le cliquetis des escaliers mécaniques et le bruit assourdissant des appareils d’éclairage, de même que sur le choix d’angles originaux. Le tout différencie Métro de l’expérience habituelle des usagères et usagers. Il s’agit certainement des points forts de l’œuvre.

Toutefois, le scénario est difficile à suivre malgré les explications de Nadine Gomez, présente lors de la projection. Les scènes sont filmées à tout moment de la journée, mais ne semblent pas en ordre chronologique. Le documentaire n’apparaît pas se concentrer sur un aspect en particulier du métro, quittant parfois l’architecture pour des prises de vue dans les wagons, afin de focaliser sur l’expérience vécue par les passagères et passagers.

Ce documentaire intéressera certainement les amateurs et amatrices d’architecture, mais son rôle sera avant tout d’immortaliser un organe majeur de la ville de Montréal. Aucune bande-annonce de Métro n’est disponible et seuls quelques instantanés du documentaire se trouvent en ligne.

Au secours

Au secours est un moyen métrage couvrant la vie des employées et employés de Télé-Secours, un service de télévigilance belge pour personnes âgées. Alexandra Laffin a choisi ce sujet difficile après y avoir elle-même travaillé pendant ses études. Elle a choisi d’aborder le sujet avec humour, et l’a fait avec un succès déconcertant. La vieillesse, la solitude, la maladie et la mort ne sont pas des sujets qui font rire. Pourtant, à de nombreuses reprises, des éclats de rire étaient audibles lors de la première.

Au fil de dialogues à toute heure du jour, l’œuvre suit notamment les téléphonistes de la compagnie, lesquels doivent répondre aux situations d’urgence, mais surtout aux situations anodines de personnes âgées qui sont souvent désorientées. De l’aveu d’Alexandra Laffin, présente lors de la projection, ce travail est souvent ennuyant et la réalisation du documentaire a nécessité plusieurs semaines de tournage.

Cette durée a permis aux téléphonistes de s’habituer à la présence de la caméra et cela ajoute beaucoup au réalisme de Au secours. L’auditoire est amené à l’intérieur de la « petite vie » des téléphonistes qui discutent de tout et de rien afin de passer le temps durant des nuits interminables.

Évidemment, l’œuvre a son lot de scènes émouvantes. Le but de Télé-Secours est tout de même d’assurer la sécurité de ses clientes et clients. Il est difficile de voir les téléphonistes tenter de rejoindre les proches de leur clientèle, lesquels ont leur propre vie à vivre. Rares sont celles et ceux qui sont disponibles, à 2 heures du matin, pour passer voir leur père ou leur mère à l’autre bout de la ville, à cause d’une chute ou d’un malaise. Souvent, les appels ne sont pas graves, mais c’est parfois le cas et cela place les téléphonistes dans des situations inconfortables, comme écouter en toute impuissance une personne souffrir à l’autre bout du fil.

Au secours est une incursion dans le monde de la vieillesse, un monde de solitude. Malgré tous les bons moments, le documentaire donne beaucoup à réfléchir, notamment pour celles et ceux dont les parents ou les grands-parents en sont à cette étape de leur vie. La bande-annonce peut être visionnée à l’adresse bit.ly/1Vgswvz.

 
Métro.
Photo distribuée pour utilisation médiatique
 
The Place.
Photo distribuée pour utilisation médiatique
 
The Place.
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