L'Heuristique: Journal des étudiants de l'ÉTS

Sauver les meubles

Mars 2015 » Campus » Par Félix-Antoine Tremblay, étudiant de maîtrise, directeur de L’Heuristique

En 2008 était lancée l’aujourd’hui défunte « Maison des étudiants [sic] » (MdÉ). Il n’est plus nécessaire d’introduire ce projet, lequel a été abordé à plusieurs reprises dans L’Heuristique1. Si ce projet est désormais du passé, c’est grâce à une surprenante décision de la direction de l’ÉTS, laquelle semblait avoir perdu ses esprits durant les sept dernières années.

L’ÉTS avait planifié augmenter sa fréquentation grâce à un imposant projet à vocation étudiante, visiblement sans la moindre planification financière. L’École a en effet affirmé en 2012, soit après quatre ans de travail sur la MdÉ, que son montage financier nécessitait l’annulation de toutes les composantes du projet, à l’exception d’un local de 4 000 pi22 réservé à l’Association étudiante, le tout en y apposant un frais de 9 750 000 $ payable en 25 ans. Aujourd’hui, soit trois ans plus tard, l’ÉTS annule ce qu’il restait du projet.

Alors que le nombre d’étudiantes et d’étudiants de l’École est en forte hausse depuis une décennie, la vocation de la MdÉ vient d’être modifiée pour permettre la construction de nouvelles classes dans les pavillons A et B. De nombreux services seront déplacés de ces bâtiments vers la MdÉ, afin de libérer de l’espace. Il s’agit d’un choix responsable répondant aux problèmes les plus criants vécus par la population étudiante, un choix qui mérite d’ailleurs d’être salué. Ceci étant dit, il est inconcevable qu’une université accueillant aujourd’hui plus de 8 000 étudiantes et étudiants planifie ses investissements immobiliers d’une manière si médiocre.

L’ÉTS gère elle-même ses admissions, elle n’a qu’elle à blâmer pour avoir admis un trop grand nombre d’étudiantes et d’étudiants. Si l’École avait géré adéquatement son développement, ce n’est pas d’un centre commercial que l’ÉTS se serait dotée, mais bien d’un projet répondant à ses besoins présents et futurs. Alors que la valeur des terrains de Griffintown atteint des sommets, il est bien dommage de voir qu’on a gaspillé non seulement près de 40 millions de dollars, mais aussi un des rares terrains appartenant à l’École.

Il ne reste donc qu’une option pour améliorer la vie étudiante : investir les espaces des pavillons A et B. Malgré sa prétention, l’ÉTS ne ressemble en rien à une université. Les seuls espaces agréables se trouvent à la bibliothèque ou derrière des portes closes : les locaux de regroupements étudiants, notamment. Il n’existe à ce jour aucun endroit où se détendre pour les étudiantes et étudiants ne faisant pas partie de ces regroupements. Cela n’est d’ailleurs pas étranger au fait que la plupart d’entre eux préfèrent rentrer chez eux dès que possible.

Ce n’est pourtant pas l’espace qui manque :

Est-ce si difficile d’investir quelques dizaines de milliers de dollars pour du mobilier? Il semble que oui, du moins plus difficile que des millions pour un tunnel détruisant les ateliers des clubs étudiants3 ou pour un Hub de créativité qui sera laissé vacant la majorité du temps4.

Si elle désire pouvoir compétitionner avec les campus dignes de ce nom, l’ÉTS se doit d’investir dans l’ameublement de ces espaces, à savoir : des tables, des canapés, des plantes et des œuvres d’art. De plus, l’École doit complètement revoir sa palette de couleurs, laquelle date d’un autre siècle. L’École ne peut pas sérieusement se targuer d’encourager la créativité avec ses bâtiments beiges.

Évidemment, si l’ÉTS désire franchement compétitionner les autres universités, elle devra aussi investir dans l’enseignement, mais cela mérite de faire l’objet d’un article en entier.

1 Couverture de L’Heuristique sur la MdÉ :

2 Cette superficie a été augmentée à 18 000 pi2 après la forte contestation étudiante

3 Un tunnel sera aménagé entre la MdÉ et le pavillon A, sa construction entraînera la destruction d’une portion des ateliers dédiés aux clubs étudiants

4 Le Hub de créativité est l’actuel Planétarium Dow, lequel sera transformé en une plateforme visant à tenir des conférences